Samedi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté devant le Parlement contre le relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans. Parmi elles Marie-Odile Heim, âgée de 59 ans et infirmière pour Spitex. Elle nous raconte qu'elle commence déjà à accuser le coup des longues journées de travail et qu'elle rencontre des problèmes physiques à cause de la pénibilité de son emploi. «Je n'ose même pas imaginer ce que ce sera quand j'aurai 64 ans.» Elle effectue souvent une charge de travail quotidienne de dix à douze heures: «Le matin, je suis généralement chez mes patients à sept heures, le soir, je suis rarement chez moi avant huit heures».
Marie-Odile Heim juge «indécents» les suppléments avec lesquels le Parlement veut indemniser les premières générations de femmes durant la période de transition. «Ils veulent nous donner un petit quelque chose pour nous faire taire.» D'autant plus que pour beaucoup, il n'est même pas possible de travailler jusqu'à la retraite: «J'ai des collègues féminines d'environ 60 ans qui ne trouvent plus de travail, et ce alors qu'il y a une pénurie d'infirmières!»
«Les femmes travaillent davantage à la maison»
La conductrice de train Hanny Weissmüller, 48 ans, est également descendue dans la rue hier. «Beaucoup de femmes ont un mini-salaire et font aussi la plupart du travail à la maison», justifie-t-elle sa participation. «J'en connais qui doivent continuer à travailler après la retraite parce que leur maigre rente AVS ne suffit pas». Elle pourra difficilement conserver son propre emploi jusqu'à 64 ans, estime Hanny Weissmüller. «Le travail de nuit devient de plus en plus difficile à mesure que le temps passe.»
En tant que conductrice de train, elle travaille six jours d'affilée, se levant entre une heure et demie et trois heures du matin pour le service matinal. Les trois jours de repos entre les deux sont à peine suffisants pour récupérer: «il faut encore s'occuper des enfants, et ils ont un rythme normal.» Après 60 ans, de nombreux conducteurs de train ne travaillent donc plus qu'à temps partiel, mais avec des pertes correspondantes en termes de salaire et de deuxième pilier.
Clotilde Pinto, 58 ans, a fait le voyage de Vevey à Berne pour participer à la manifestation. La vendeuse se plaint qu'il est souvent difficile pour les plus de 50 ans de trouver un nouvel emploi après avoir été licenciées. Pour des raisons de santé, de nombreuses vendeuses ne sont pas en mesure de travailler jusqu'à l'âge de la retraite. Parce qu'elle a toujours dû faire les mêmes mouvements pendant sa vie professionnelle, elle souffre d'arthrose, explique Clotilde Pinto. Son pronostic: «Je ne serai pas en mesure de faire mon travail jusqu'à 64 ans, et encore moins jusqu'à 65.»