Plusieurs milliers de personnes - 15'000 personnes, selon les syndicats - étaient rassemblées samedi à Berne contre la réforme de l'AVS. Elles ont critiqué les décisions prises par le Parlement pour réformer l'AVS, notamment sur l'âge de la retraite pour les femmes.
Autorisé, le rassemblement a débuté sur la Schützenmatte. Les participants - surtout des femmes, mais aussi de nombreux hommes - ont longuement défilé à travers la vieille ville jusqu'à la Place fédérale. Des banderoles proclamaient: «Travail égal, salaire égal - ensuite seulement âge de retraite égal» ou «AVS-21: l'égalité part à la retraite»
La manifestation était organisée par les syndicats USS et Travail.Suisse. Des collectifs issus de la Grève des femmes et des partis politiques avaient également appelé à manifester.
La BNS doit aider
Sur la place fédérale, des politiciens, tels que le président de l'USS Pierre-Yves Maillard ou la coprésidente du PS Mattea Meyer, ont pris la parole. Cette dernière a souligné qu'il était pour elle clair que la durée du travail serait un jour égale entre hommes et femmes.
«Mais il s'agit maintenant de nos mères, qui ont longuement travaillé et se retrouvent maintenant en reste. L'âge de la retraite à 65 ans n'est qu'une passerelle vers un âge de la retraite prolongé pour tous», a-t-elle mis en garde.
Pierre-Yves Maillard a pour sa part rappelé que la Banque nationale suisse (BNS) dispose de milliards de réserves. Cet argent pourrait être utilisé pour financer la réforme de l'AVS, a-t-il estimé.
Un tiers de pension en moins
Plusieurs travailleuses de diverses branches professionnelles et venant de toute la Suisse ont également témoigné devant la foule. Elles ont expliqué à quelles difficultés concrètes elles seront confrontées si l'âge de la retraite des femmes est relevé et que l'AVS est affaiblie.
Travailler un an de plus, ce n'est souvent tout simplement pas possible après de longues années dans un métier pénible et à assumer le travail non rémunéré de garde et d'assistance, ont noté les oratrices.
Dans leur appel à manifester, les organisateurs rappellent que les femmes reçoivent toujours environ un tiers de pension en moins que les hommes. Celles-ci assument la majorité du travail de soin et d'assistance aux proches, mais il n'en est pas suffisamment tenu compte dans le calcul des pensions, car ce travail est peu, ou pas rémunéré.
C'est pourquoi les femmes, bien qu'elles travaillent également toute leur vie, reçoivent souvent des pensions bien trop faibles à l'âge de la retraite, déplorent les syndicats. Au lieu d'améliorer les pensions des femmes, le Parlement prévoit maintenant le contraire avec l'augmentation de l'âge de départ à la retraite: une réduction des pensions au détriment des femmes.
Désaccords entre les Chambres
Les deux Chambres fédérales ont décidé cette année de relever l'âge de la retraite des femmes à 65 ans. Mais les mesures de compensation pour les femmes qui seront les premières concernées par ce relèvement continuent de diviser le Parlement.
Mardi, le Conseil des Etats s'est penché sur la réforme. Par rapport au Conseil national, il veut davantage soutenir les femmes qui partiront en premier à la retraite après l'entrée en vigueur de la réforme et qui seront les plus touchées par le relèvement de l'âge de la retraite à 65 ans. Le dossier retourne au Conseil national.