Les excentricités de Joe Exotic, truculent éleveur de grands félins aux États-Unis, ont follement amusé le monde entier. La série documentaire sur ce personnage haut en couleurs et plus vrai que nature a cartonné sur Netflix, tant et si bien que la plateforme de streaming en a tiré une deuxième saison lancée ce mercredi 17 novembre en Suisse. L'émoi sera garanti, puisque la bande-annonce promet des frasques encore plus déjantées que lors de la première saison.
L'association «Quatre Pattes» qui s'implique pour le bien-être animal profite du lancement de la deuxième saison pour rappeler que la réalité qui se cache derrière les agissements de Joe Exotic et son élevage de tigres est lugubre. Elle reproche, à mots (à peine) voilés, à Netflix de ne pas assez mettre l'accent sur l'aspect nocif de l'élevage d'animaux exotiques pour privilégier l'aspect divertissement: «Les éleveurs de tigres américains comme Joe Exotic, Jeff Lowe et Doc Antle (protagonistes de la série, ndlr.) abusent des grands félins menacés d'extinction à des fins de profit et de divertissement», écrit l'association dans un communiqué.
D'ailleurs, de nombreuses personnes auront sans doute davantage retenu l'aspect grandiloquent de la série que la thématique sous-jacente. Donald Trump Junior (fils de l'ancien président), par exemple, grand amateur de chasse, s'était émerveillé de découvrir qu'on pouvait, aux États-Unis, acheter un tigre pour 2000 dollars.
Un tigre vaut plus mort que vivant
Ce n'est pas exactement l'enseignement que Quatre Pattes souhaiterait que l'on tire de cette série: «Tiger King offre un divertissement fantaisiste, mais un coup d'œil dans les coulisses révèle la véritable ampleur de la cruauté envers les animaux et un réseau international d'élevage, de commerce et d'exploitation de tigres, de lions et d'autres grands félins.» En effet, les éleveurs américains font partie d'un grand réseau international peu réglementé; selon les estimations de Quatre Pattes, il y aurait 1600 tigres en captivité rien qu'en Europe, près de 7000 aux États-Unis, tandis qu'il ne reste qu'environ 3900 tigres à l'état sauvage.
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Dans de nombreux états de l'Union européenne, les conditions d'élevage sont inadéquates. Acquérir un tigre serait facile pour les éleveurs et les commerçants et un animal a plus de valeur mort que vivant (le commerce de certaines parties du corps étant prisé, notamment pour la médecine chinoise): «un tigre vivant élevé en Europe peut atteindre 5000 euros, tandis qu'un tigre mort vaut jusqu'à 22’000 euros.»
Quatre Pattes lance donc un appel aux fans de Tiger King: «Réfléchir, au-delà du facteur divertissement, aux animaux qui souffrent en captivité toute leur vie.»
L'association ajoute qu'une interdiction totale du commerce des grands félins permettrait de mettre un terme à cette cruauté. En attendant, les gens peuvent éviter de cautionner les lieux qui proposent des interactions avec des animaux vivants en les boycottant.
Rappelons ici aussi que Joe Exotic est actuellement en prison, purgeant une peine de 22 ans pour tentative d'assassinat et maltraitance animale.