Vous avez peut-être déjà reçu sur les réseaux sociaux une pétition invitant à sauver toutous et chatons mignons (photos adorables à l’appui) des griffes d’un vétérinaire cantonal qui les a saisis pour les euthanasier. La dernière en date concerne un chaton tunisien nommé Tounsi, dont la confiscation par le vétérinaire cantonal de Genève a fait la une de «20 minutes» lundi. Le même site parlait d'un chien turc nommé Lokum, il y a quelques semaines. Nos lecteurs se souviendront du cas de Freddy Junior, un pinscher allemand dont nous avions parlé en juillet.
Ces animaux ont tous un point commun: ils ont été importés depuis des pays où un risque de rage important existe, sans remplir les conditions nécessaires dictées par la Confédération. Les personnes les ayant rapportés en Suisse sont donc allées à l’encontre des normes existantes. «Freddy Junior» avait par exemple été importé de Moldavie et n’avait pas encore été vacciné. Tounsi n’avait reçu qu’une dose du sérum contre la rage. Pour l’instant, aucun des deux animaux n’a été piqué. Le cas de Freddy sera tranché par le Tribunal administratif fédéral.
Le cas de ces animaux est loin d’être isolé.
61 animaux euthanasiés ces cinq dernières années
Ces cinq dernières années, 21 animaux ont été euthanasiés par le vétérinaire cantonal à Genève (cinq chats et seize chiens). Dans le canton de Vaud, ils sont 40, dont sept chats. Les deux services font état d’une augmentation importante du nombre d’importations non conformes. À Genève, le chiffre a doublé en 2020 pour atteindre 112 cas. En 2021, ce nombre a déjà été dépassé au 31 août.
Les services vétérinaires vaudois, quant à eux, se sont occupés de 645 importations non conformes entre 2016 et 2020, soit près de trois fois plus que les cinq années précédentes. Cette tendance s’observe également dans le canton de Zurich, où l’hôpital pour animaux a fort à faire avec des bêtes très malades en provenance de pays d’Europe de l’Est, et dans une moindre mesure dans le canton du Valais (57 cas d’importation illégale en 2020 contre 34 en 2017).
Le vétérinaire cantonal vaudois Giovanni Peduto critique l’essor d’un commerce international illicite d’animaux. De plus en plus de gens achètent leurs animaux en ligne. Ces éleveurs, dont certains d’Europe de l’Est, sont peu scrupuleux du bien-être des animaux, comme l’explique Giovanni Peduto: «Il n’est pas rare de voir des animaux développer des pathologies des plus communes une fois arrivés en Suisse. Cela s’explique par le fait que les animaux importés sont souvent séparés trop vite de leur mère et leur système immunitaire n’est donc pas suffisamment développé. Elevés dans la promiscuité, mal vaccinés et stressés par un voyage trop long, ces animaux succombent quelques jours après être arrivés à destination.»
Les animaux qui parviennent aux services vétérinaires ne sont euthanasiés que dans de rare cas, par exemple lorsqu’ils présentent un risque de rage. Le médecin cantonal genevois Michel Rérat rappelle que la menace de cette maladie mortelle pour l’homme n’est pas à prendre à la légère. Par ailleurs, il n’existe qu’une mesure pour confirmer définitivement que l’animal n’est pas porteur: un prélèvement de tissus du cerveau, une mesure «plutôt létale», explique le porte-parole du département de la sécurité et de la santé Laurent Paoliello.
On en appelle à la démission du vétérinaire cantonal
Mais la procédure, bien que nécessaire et dictée par la loi, scandalise les personnes à l’origine de ces importations d’animaux et dont le sort se retrouve souvent médiatisé. Leurs pétitions recueillent des dizaines de milliers de signatures sur internet. Et le ton monte parfois, certains allant jusqu’à traiter le vétérinaire cantonal de «meurtrier». Sur une story Instagram, celle qui a ramené Tounsi de Tunisie écrit à ses 34’000 abonnés qu’elle va lancer, sur conseil de son avocat, une pétition pour réclamer la démission du vétérinaire cantonal Michel Rérat.
Ce genre de propos choque le porte-parole, qui y voit une inversion de la responsabilité. Car si ces chiens et ces chats doivent être endormis, c’est de la faute des personnes concernées: «La solution, c’est de ne pas importer des animaux en ne respectant pas les règles sanitaires».
Il poursuit: «On semble faire porter la responsabilité à l’état d’une mesure prise parce que les gens ne respectent pas les normes en place, qui sont mises en place pour protéger la population». Les individus prennent le risque pour eux-mêmes, pour l’animal et pour le reste de la société, alors que l’État est «très clair sur les règles».
Il trouve dès lors «inadmissible» que le vétérinaire cantonal soit ensuite attaqué de la sorte. «La fourrière, ce n’est pas comme dans un film de Walt Disney, avec des cages trop petites et des gens cruels. Les vétérinaires qui y travaillent le font par amour des animaux, pas pour les tuer, ce qui est toujours un crève-cœur.»
- Les animaux de compagnie doivent être munis d'un passeport vétérinaire ou d'un certificat vétérinaire valable. Ces documents doivent avoir été remplis par des vétérinaires autorisés dans les pays concernés.
- Ils doivent avoir été vaccinés contre la rage.
- Lorsqu'ils proviennent d'états où la rage ne peut pas être exclue, le propriétaire doit en outre fournir un titrage d'anticorps prélevé par un vétérinaire autorisé 30 jours ou plus après la vaccination et trois mois avant l’importation.
- Les animaux âgés de moins de 12 semaines et entre 12 à 16 semaines ne peuvent être importés que s'ils proviennent de pays où la rage n'est pas une préoccupation et uniquement sur présentation d'une attestation du détenteur selon lequel l'animal n'a pas eu de contact avec des animaux sauvages ou s'ils accompagnent leur mère vaccinée.
L'Office fédéral des services alimentaires et des affaires vétérinaires propose un questionnaire en ligne indiquant la marche à suivre pour ramener un chat ou un chien d'un pays spécifique.
Pour plus d'informations:
- La société des vétérinaires suisses
- La Société protectrice des animaux met en garde contre le trafic de chiens et de chats en plein essor.
- L'ordonnance concernant l’importation, le transit et l’exportation d’animaux de compagnie
- Les animaux de compagnie doivent être munis d'un passeport vétérinaire ou d'un certificat vétérinaire valable. Ces documents doivent avoir été remplis par des vétérinaires autorisés dans les pays concernés.
- Ils doivent avoir été vaccinés contre la rage.
- Lorsqu'ils proviennent d'états où la rage ne peut pas être exclue, le propriétaire doit en outre fournir un titrage d'anticorps prélevé par un vétérinaire autorisé 30 jours ou plus après la vaccination et trois mois avant l’importation.
- Les animaux âgés de moins de 12 semaines et entre 12 à 16 semaines ne peuvent être importés que s'ils proviennent de pays où la rage n'est pas une préoccupation et uniquement sur présentation d'une attestation du détenteur selon lequel l'animal n'a pas eu de contact avec des animaux sauvages ou s'ils accompagnent leur mère vaccinée.
L'Office fédéral des services alimentaires et des affaires vétérinaires propose un questionnaire en ligne indiquant la marche à suivre pour ramener un chat ou un chien d'un pays spécifique.
Pour plus d'informations:
- La société des vétérinaires suisses
- La Société protectrice des animaux met en garde contre le trafic de chiens et de chats en plein essor.
- L'ordonnance concernant l’importation, le transit et l’exportation d’animaux de compagnie