Quand les cantons prennent les devants
Le Valais lance une loi sur le climat

Particulièrement concerné par le réchauffement climatique, le Valais a annoncé jeudi mettre en consultation un avant-projet de loi sur le climat. La nouvelle législation servira de base pour lancer et financer des projets concrets. Au coeur de la loi, un plan climat.
Publié: 02.06.2022 à 13:38 heures
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Dernière mise à jour: 02.06.2022 à 14:17 heures
Le glacier de Monte Rosa à Zermatt.
Photo: Getty Images

«En Suisse, comme en Valais, la température moyenne progresse deux fois plus vite qu'à l'échelle mondiale», a rappelé devant la presse réunie à Sion Roberto Schmidt, chef du Département des finances et de l'énergie. «Les masses montagneuses continentales de manière générale sont plus affectées» par le phénomène, a précisé Christel Dischinger, cheffe de projets à la Fondation pour le développement durable des régions de montagne.

Les exemples illustrant ce réchauffement sont légion: derniers en date, les pics de températures à plus de 30 degrés et les appels à économiser l'eau en mai dernier déjà. Mais aussi le recul des glaciers, les vagues de chaleur plus longues et plus intenses, les sécheresses et les feux de forêt en hausse, les précipitations plus intenses et fréquentes ou encore les hivers plus doux et peu enneigés qui affolent les stations.

Si rien n'est entrepris, la température moyenne pourrait augmenter de 3 degrés supplémentaires en Valais d'ici 2060 par rapport à la période 1981-2010; en été, elle pourrait même augmenter de 4,5 degrés, a relevé Christel Dischinger. «Il faut notamment la volonté politique pour renverser la tendance, et nous avons peu de temps», a prévenu Roberto Schmidt.

2040 pour l'administration valaisanne

Le canton a donc mis en consultation un avant-projet de loi sur le climat. Ses buts s'alignent sur ceux de la Confédération. Il s'agit notamment d'atteindre zéro émission nette de CO2 d'ici 2050 et de réduire les émissions directes de moitié d'ici 2030 par rapport à 1990.

«En revanche, au niveau de l'administration cantonale, nous avons tout en main pour agir plus vite et nous voulons atteindre le zéro net en 2040 déjà. C'est aussi une question d'exemplarité», précise le conseiller d'Etat.

La nouvelle loi cantonale doit «lutter contre les changements climatiques mais aussi protéger les êtres humains, la biodiversité et les biens d'une valeur notable». Le Conseil d'Etat et la direction stratégique pourront s'appuyer notamment sur un conseil scientifique dont fait partie la climatologue Martine Rebetez.

Des mesures mais pas de base légale

L'un des objectifs majeurs de la nouvelle loi sera d'élaborer un plan climat cantonal. Il définira les principes, les objectifs stratégiques, les mesures, le calendrier ainsi que les moyens financiers permettant d'atteindre les buts climatiques, a expliqué Gérald Dayer, président de la direction stratégique en charge de la mise en oeuvre de l'Agenda 2030, par ailleurs chef du service cantonal de l'agriculture.

Les mesures qui y seront présentées devront contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à développer les capacités d'adaptation du canton. «Nous avons déjà 260 mesures dont toute une série ne dispose pas pour l'heure de base légale», a précisé Gérald Dayer; d'où l'importance d'une nouvelle législation.

Fonds doté de 150 millions de francs

L'avant-projet de loi est mis en consultation dès vendredi et jusqu'au 22 juillet. Le Conseil d'Etat espère pouvoir soumettre le projet de loi au parlement en automne. Le Valais est le deuxième canton à plancher sur une loi sur le climat après Fribourg, qui a terminé la phase de la consultation, a ajouté Roberto Schmidt.

Pour atteindre les objectifs climatiques, les investissements supplémentaires sont estimés à quelque 50 millions de francs par an. «Les coûts de l'inaction sont dix fois plus élevés», a prévenu Roberto Schmidt.

Le budget ordinaire de l'Etat (sans introduction de nouvelles taxes ou impôts), pourvoira aux dépenses. En ce qui concerne les projets de grande envergure, le grand argentier propose de créer une réserve climatique avec une dotation initiale de 150 millions de francs prélevés sur la fortune de l'Etat.

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