«Proposition hautement problématique»
L'UDC Natalie Rickli propose de supprimer la caisse maladie obligatoire

La conseillère d’Etat zurichoise en charge de la Santé Natalie Rickli veut examiner la suppression de la caisse maladie obligatoire. D'autres partis font des propositions totalement différentes. Blick fait le point et demande à des experts d'évaluer ces idées.
Publié: 29.08.2023 à 10:06 heures
|
Dernière mise à jour: 29.08.2023 à 10:33 heures
1/4
Selon elle, l'abolition de l'assurance maladie obligatoire devrait être examinée: Natalie Rickli, conseillère d'Etat UDC.
Photo: KEYSTONE/Walter Bieri
RMS_Portrait_AUTOR_401.JPG
Tobias Bruggmann

C'est une proposition au potentiel explosif. «A mon avis, il faudrait même envisager de supprimer l'assurance maladie obligatoire», a déclaré la directrice de la santé du Canton de Zurich Natalie Rickli (UDC) dans la «Sonntagszeitung».

L'UDC n'est pas le seul: d'autres partis regorgent d'idées pour lutter contre les coûts excessifs du système de soin. Mais que pensent les économistes de la santé Willy Oggier et Simon Wieser de la ZHAW de ces projets?

La caisse maladie obligatoire doit devenir facultative

Si l'on en croit Natalie Rickli, il faut repenser le système de fond en comble et envisager également la suppression de l'assurance maladie obligatoire – son utilité est discutable. «Si la caisse maladie obligatoire est supprimée, cela coûtera probablement plus cher pour tout le monde», déclare l'expert Willy Oggier, raison pour laquelle il considère cette proposition comme «hautement problématique».

Ce ne sont pas seulement les plus pauvres qui en pâtiraient, mais aussi ceux qui sont malades. «Ils devront sans doute payer nettement plus pour l'assurance de base chez les prestataires privés que maintenant, si tant est qu'ils en obtiennent une.»

La classe moyenne devrait par ailleurs payer des primes plus élevées. «Sur un marché libre, l'assureur dispose de moins d'informations et doit calculer plus prudemment. Il continuera à facturer ce risque.» Les coûts de la santé devraient donc (encore) augmenter. A cela s'ajoutent, selon Willy Oggier, des problèmes pratiques: «Que se passe-t-il avec quelqu'un qui n'a pas d'argent pour un traitement, laisse-t-on cette personne mourir?»

Simon Wieser met lui aussi un grand point d'interrogation derrière la proposition de Natalie Rickli. «Les assurances privées ne garantissent pas une baisse des coûts.» Un tel système a besoin de régulations. A cela s'ajoute le fait que «les caisses maladie jouent un rôle important lorsque l'on négocie les prix des traitements à l'hôpital ou dans les cabinets médicaux.»

Selon Simon Wieser, la caisse maladie obligatoire ne représente qu'un tiers des coûts de la santé. «En Suisse, on est déjà très responsable de ses actes, il y a par exemple beaucoup de gens qui ont une franchise élevée.»

La caisse maladie à budget

Le PLR caresse l'idée d'une caisse maladie à budget afin de réduire les coûts des primes d'au moins un quart. Pour cela, les patients doivent miser sur les génériques plutôt que sur le médicament original coûteux, le dossier électronique du patient devient obligatoire et des franchises plus élevées sont possibles.

«Si les assurés peuvent effectivement choisir volontairement le modèle qu'ils souhaitent, on peut tout à fait l'envisager», déclare l'économiste de la santé Willy Oggier. «Ce qui est déterminant, c'est ce qui est compris dans la variante budgétaire. On a ici une grande marge de manœuvre.» Mais il est clair que les traitements indispensables à la survie doivent continuer à être assurés. «La baisse effective des coûts de la santé avec le modèle budgétaire du PLR dépend du nombre de personnes qui l'utilisent», précise-t-il.

Simon Wieser est plus sceptique. «Le système actuel repose sur le fait que les jeunes et les personnes en bonne santé paient pour les malades. Ils passeraient probablement dans une caisse maladie à budget. Restent ceux qui ont des frais de santé élevés.» Pour ces derniers, les primes devraient, selon lui, devenir plus chères.

Aujourd'hui déjà, les économes peuvent choisir des primes plus basses, par exemple en allant d'abord chez le médecin de famille. «Mais la totalité des économies de coûts n'est pas répercutée. Ce serait différent avec une caisse maladie à budget», explique Simon Wieser.

La caisse unique

Le PS réclame une caisse maladie unique. La coprésidente du PS Mattea Meyer l'a évoquée lundi.

Mais elle n'est pas non plus bien accueillie par Willy Oggier. «Il faut avoir la possibilité de changer de caisse maladie, par exemple si l'on n'est pas satisfait du service», estime-t-il. Avec plusieurs caisses, le système de santé serait incité à réduire les coûts. «Les différentes caisses sont en concurrence les unes avec les autres.»

Et Simon Wieser n'est pas non plus séduit par la caisse unique. «Il n'est pas dit que les coûts baisseraient vraiment.» Certes, les frais de publicité et d'immeubles de bureaux disparaîtraient, «mais les frais administratifs ne représentent qu'une petite partie des primes», explique-t-il.

Les initiatives

Par ailleurs, deux initiatives populaires sont actuellement en suspens: l'une du parti centriste et l'autre du PS. Pour l'initiative du PS, il s'agit de soulager les payeurs de primes à faible revenu, «et non de réduire les coûts de la santé», précise Simon Wieser.

Pour le centre, il s'agit d'installer un frein aux coûts et de faire évoluer les coûts en fonction de l'économie globale et des salaires. «Les initiateurs doivent dire où l'on veut exactement faire des économies», explique Willy Oggier.

Selon lui, il n'est pas possible que les coûts de la santé croissent de la même manière que l'économie. «Les coûts de la santé sont aussi liés à la situation économique. En cas de récession par exemple, on a généralement besoin de plus de traitements psychiatriques.»

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la