Ça fait mal. Pour Philippe Nantermod, c’est même «la catastrophe». La hausse des primes annoncée ce mardi s’élèvera à 8,7% en moyenne. L’augmentation à Genève est de 9,1%. Vaud est le canton romand le plus touché par le phénomène avec… 9,9%.
Selon le conseiller national valaisan, par ailleurs vice-président du Parti libéral-radical (PLR) suisse, il est grand temps «de tirer le frein à main» et de proposer une assurance low cost. Un modèle, toujours d’après lui, beaucoup plus «rationnel». Interview.
Philippe Nantermod, une hausse moyenne des primes d’assurance maladie de 8,7%… Qu’est-ce que ça vous inspire?
La désolation. Et ce n’est malheureusement pas une surprise. Ça fait depuis le début de l’année qu’on dit que ça va être la catastrophe, et c’est effectivement la catastrophe. Il est temps de mettre en place une assurance low cost.
Pourquoi ce modèle serait la meilleure solution?
Parce qu’il réunit toutes les réformes rejetées par un parlement gangrené de lobbies, pour celles et ceux qui le désirent. Les autres, qui ne voudraient pas de ce modèle plus rationnel, mais qui ne pourront par conséquent pas se plaindre de la hausse des primes, ne seraient pas obligés d’y souscrire.
Le projet du Parti socialiste, où chacun paierait en fonction de son revenu, ne vous plaît pas?
Si ce modèle était en vigueur, nous aurions l’imposition la plus élevée de l’OCDE, 20% de plus qu’en France! C’est impensable. Parallèlement, il y a aussi l’initiative du Centre (ndlr: qui vise à freiner les coûts), mais on ne comprend pas vraiment de quoi il en retourne. Il apparaît que c’est un peu un modèle de primes low cost similaire au nôtre, mais dans une version obligatoire. Pour nous, au Parti libéral-radical (PLR), il est important de laisser le libre choix aux gens. Notre formule est de loin la meilleure.
Il y a beaucoup de lassitude face à cette nouvelle hausse des primes: durant la prochaine législature, arriverez-vous enfin à vous asseoir autour de la table avec vos adversaires et à trouver des solutions concrètes?
Nous nous asseyons déjà autour de la table, cela s’appelle la Commission de la santé. Le problème n’est pas que nous ne voulons pas nous mettre d’accord: nous ne sommes réellement pas d’accord.
Quels désaccords, par exemple?
En étoffant le catalogue des prestations, en permettant notamment que les psychothérapies effectuées par un psychologue soient remboursées par l’assurance de base, Alain Berset fait augmenter les primes. Quand tous les cantons romands augmentent les salaires du personnel médical, ils font augmenter les primes. Venir s’opposer à l’initiative sur les soins infirmiers à la télévision — comme j’étais l’un des seuls à le faire — ne vous place pas du bon côté de la barrière de l’opinion populaire, mais ce que nous prédisions était exact.
Pour vous, afin de faire baisser les coûts, il faudra donc impérativement faire des choix difficiles concernant la couverture de sa santé?
Au PLR, on propose de tirer le frein à main. C’est simple: quand vous allez au restaurant et que vous souhaitez limiter l’addition, vous ne prenez pas le pavé de bœuf, mais vous vous contentez des spaghettis.