Commentaire de Michel Jeanneret
Pourquoi cette hausse des primes est une bonne nouvelle

Dans ces instants sombres pour notre système de santé, on peut apercevoir une petite lumière. Il existe désormais un consensus autour du fait que nous sommes sur une voie sans issue. Un constat unanime un peu triste, mais propice à l'action, estime Michel Jeanneret.
Publié: 26.09.2023 à 15:29 heures
Photo: Shutterstock
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Michel JeanneretRédacteur en chef

8,7%. Le chiffre de l’augmentation des primes d’assurance maladie, redouté par une grande partie des citoyens, est tombé aujourd’hui à 14h01 précise. Douloureux, une fois de plus. Mais malheureusement sans surprise.

Passé la phase d'abattement et les calculs que vont devoir faire de nombreuses familles pour boucler leurs fins de mois avec cette nouvelle donne, il y a toutefois une raison de se «réjouir» de l’annonce faite par Alain Berset: elle est la goutte d’eau qui fait déborder un vase dont on pensait jusqu’ici qu’il allait se vider tout seul. Comme par magie.

C'est évidemment regrettable, mais il fallait que ça déborde pour que la classe politique cesse de regarder ailleurs, comme elle l’a fait jusqu'ici. Désormais, il existe enfin un consensus. De la gauche à la droite en passant par le centre, tout le monde est d’avis que notre système de santé court à sa perte, si son fonctionnement et son financement ne sont pas repensés de fond en comble.

L'alignement des planètes

Changement de ministre, nouveaux élus et constat d’échec unanime: cet alignement des planètes doit déboucher sur des états généraux de la santé. Patients, médecins, assureurs: il faut mettre tout le monde autour d'une table pour dépasser les petits bricolages partisans. Et il faudra oser parler des choses qui fâchent.

Oser dire qu'il est dégueulasse que le revenu médian d'un neurochirurgien soit de 697'000 francs, alors que de plus en plus de citoyens renoncent à se soigner faute de moyens. Oser dire qu'il est inadmissible que des politiciens à genoux devant les entreprises pharmaceutiques tolèrent que ces dernières nous rackettent avec des prix délirants.

Quelle est la valeur d'une année de vie?

Il faudra aussi empoigner les sujets délicats tels que la prise en charge des patients en fin de vie. Une période qui s'allonge grâce aux progrès de la science et qui, par conséquent, est également celle où se concentre une importante partie de nos frais de santé. Quelle prévention, quels types de soins? Et cette question vertigineuse, mais incontournable: quel traitement en «vaut la peine»... ou non? Quelle est la valeur d'une année ou d'un mois de vie supplémentaire?

Il faudra parler, mais aussi agir, multiplier les tentatives, à l'instar du premier système de soins intégrés dans l’Arc jurassien. Agir vite, si nous voulons éviter que cette situation rendue explosive par l'inflation et la menace d'une récession ne fasse voler en éclat une paix sociale qui est par ailleurs garante de la prospérité notre pays. La tâche est herculéenne, mais la 52ᵉ législature doit impérativement être consacrée à notre système de santé et à son financement.

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