Le Manuel de défense civile, un petit livre de poche rouge, a fait couler beaucoup d'encre dans le pays, allant jusqu'à un autodafé sur la Place fédérale. À l'automne 1969, le Conseil fédéral l'a fait distribuer à tous les ménages suisses.
Puis, en pleine guerre froide, alors la peur d'une guerre nucléaire régnait la Suisse, il devait renforcer la «capacité de résistance» des foyers et stimuler un esprit de défense nationale. La Suisse se trouvait alors en situation d'alerte permanente. Elle est devenue le pays des bunkers et des abris antiaériens.
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Rédigé dans le style d'un guide pour scouts, ce livre est censé préparer la population civile à un conflit armé et à une guerre nucléaire. Le livre décrit ainsi le déroulement d'une guerre, les étapes menant à une guérilla, en passant par une attaque nucléaire. Il s'agit également de scénarios tels que les pénuries d'électricité, qui pourraient également être déclenchées par des conflits. Pour de telles crises, il serait important de transmettre certaines règles de base à la population.
«Le potentiel de conflit actuel a atteint le niveau de 1969»
Aujourd'hui, avec les guerres en Ukraine et à Gaza, tous les vieux démons refont surface: «Le potentiel de conflit actuel a atteint le niveau de 1969. Ce seuil serait peut-être même déjà dépassé», estime le conseiller national UDC Benjamin Fischer
Sur la guerre à Gaza
Selon l'élu UDC, il est urgent que la population se prépare de manière adéquate au danger. Pour lui, une chose est sûre: une nouvelle édition de l'ouvrage est nécessaire. «Il ne s'agit pas d'être alarmiste, il s'agit de sensibiliser», souligne Benjamin Fischer. Ainsi, après des décennies de mesures de précaution, «aujourd'hui plus personne ne prend au sérieux les situations d'urgence».
De fait, le Manuel de défense civile dans sa version originale est un peu obsolète. De nouveaux domaines comme les cyberattaques ou la désinformation via les réseaux sociaux ont vu le jour. «Mais le principe est resté le même», martèle Benjamin Fischer avec conviction. «Or personne n'a encore compris à quel point le danger est réel en Suisse aussi. Personne n'est prêt», dit Benjamin Fischer.
L'UDC évoque aussi un ennemi venu de l'intérieur
À l'époque, le Manuel de défense civile était surtout controversé en raison de sa représentation de l'ennemi, tantôt venu de l'extérieur, tantôt de l'intérieur, avec ses idées et conviction. La gauche était ainsi clairement visée. Il s'agissait alors de combattre les socialistes, les communistes et les opposants de l'État, ce qui avait suscité une vague d'indignation. Même au sein du Conseil fédéral, des voix se sont élevées pour une représentation des choses plus objective.
«Bien sûr, ce danger venu de l'intérieur est toujours d'actualité», déclare Benjamin Fischer, qui évoque l'hétérogénéisation de la société suisse, la proportion croissante d'étrangers et les idéologies divergentes. Un sujet brûlant, l'élu en convient: «Mais si nous déclenchons ici une discussion de fond, ce n'est pas une mauvaise chose.»