Après l’Angleterre et la France, le Dry January — un mois de janvier sans alcool — s’implante pour de bon en Suisse avec le soutien de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). La 2e édition du mouvement sera lancée ce 1er janvier. Objectif: faire réfléchir au rapport de chacune et chacun à l’alcool et de questionner sa propre consommation. Et pour mener à bien sa démarche, l’organisation peut compter sur des soutiens parfois surprenants.
Dans la liste de personnalités au taquet derrière le mois sans alcool, on trouve l'athlète Lea Sprunger, le musicien Alejandro Reyes et aussi… le vigneron de Yens, Alexandre Fischer. Un professionnel de l’alcool qui promeut un mois sans alcool?
Celui qui a été élu Vaudois de l’année 2020 par les lecteurs de «24 heures» est surtout connu pour son mouvement «Les raisins de la colère», collectif qui lutte contre «l’importation massive et subventionnée de vin en provenance de l’Union européenne». Un phénomène qui nuit aux vins suisses. Alors que les producteurs locaux ont déjà de la peine à écouler leurs stocks, n’est-ce pas paradoxal pour un vigneron de préconiser l’abstinence — certes temporaire?
Une pause compréhensible
«Les organisateurs étaient surpris de mon soutien, mais je ne le crois pas, argumente Alexandre Fischer, interrogé par le grand quotidien vaudois. L’an passé, les professionnels de la consommation s’étaient opposés au Dry January. À titre personnel, je ne cesserai pas de boire de l’alcool le 1er janvier, mais je n’ai pas pu oublier les réactions offusquées des porte-parole du vignoble et de la restauration.»
Il développe: «Personnellement, je pense qu’il ne faut pas aller contre la démarche, mais plutôt à sa rencontre. Les gens consomment davantage en décembre et je comprends totalement qu’ils puissent avoir besoin de faire une pause en janvier».
Quid du jus de raisin?
D'après le trentenaire, Dry January n’est pas un adversaire. «Les vignerons souffrent beaucoup plus de la production de vin industrielle et des importations massives, rebondit-il. Le vin est parfois vendu moins cher que l’eau. Ces prix bas poussent les consommateurs à boire le vin comme alcool de soif, alors que mon avis est que le vin suisse artisanal est davantage un alcool d’accompagnement.»
Pour Alexandre Fischer, la solution passe aussi par la promotion du jus de raisin. «Dans le même ordre d’idée que mon projet de créer un vin solidaire, j’ai créé une page Facebook pour promouvoir le jus de raisin, explique-t-il encore, toujours à nos confrères. Cela permet de concilier les objectifs du Dry January et les enjeux économiques de la branche avec un produit du terroir, tout en maintenant le lien. J’ai déjà réuni plusieurs producteurs et j’espère en attirer d’autres.»