«L'énergie est rare. Ne la gaspillons pas.» C'est par ces mots que Simonetta Sommaruga, alors ministre de l'Énergie, avait lancé l'an dernier la campagne du Conseil fédéral, incitant la population à chauffer, cuisiner ou se doucher plus économiquement face à la menace d'une pénurie.
La saison hivernale est bientôt à nos portes. Mais cette fois, il ne se passe rien. Ou presque rien. L'initiative pour l'économie d'énergie en hiver se poursuit certes à petit feu, mais le nouveau ministre de l'Énergie, l'UDC Albert Rösti, maintient en stand-by la grande campagne destinée à la population.
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Pas de campagne d'économie
«On renonce pour l'instant à une vaste campagne d'économie d'énergie pour la population», confirme Marianne Zünd de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) à Blick. Car cette année, la Suisse aborde l'hiver mieux préparée. Avec le stock hydroélectrique, les centrales de réserve et les groupes électrogènes de secours, le pays semble en bonne posture. De plus, les acteurs et les autorités dans le domaine de l'approvisionnement en énergie sont bien rodés – mieux que l'année passée, paraîtrait-il.
Toutefois, un hiver particulièrement froid ou une panne majeure des centrales nucléaires européennes pourraient rapidement changer la donne. Et la nervosité règne sur le marché du gaz, même si les réservoirs de l'Union européenne sont actuellement bien remplis. «En cas d'urgence, nous pouvons à tout moment lancer la campagne pour la population», déclare donc Marianne Zünd. Mais il n'est pas question d'économiser à titre préventif. «Si la situation ne se détériore pas, nous n'avons pas besoin d'une grande campagne.»
Objectif d'économie supprimé
La Confédération tempère également son objectif global. L'objectif d'économie d'électricité de 10% pour l'hiver dernier a été nettement manqué par la Suisse. Cette année, il n'y en aura plus, comme le confirme Marianne Zünd, «car l'Union européenne renonce également cette année à un objectif d'économie d'électricité.»
Reste à savoir si le Conseil fédéral va à nouveau fixer un objectif d'économie de gaz de 15% – largement dépassé l'hiver dernier. L'Europe a, quant à elle, déjà décidé d'une telle mission. Et le Conseil fédéral «décidera prochainement si la Suisse s'associe à nouveau solidairement à l'objectif», explique la porte-parole. Dans l'Union européenne, il s'applique à une année entière, la Suisse se limiterait aux mois d'hiver à forte consommation, d'octobre à mars.
Focalisation sur les villes et les communes
Même sans une vaste campagne d'économies, la Confédération ne reste pas totalement inactive. En vue de l'hiver prochain, l'initiative de réduction de consommation en hiver se concentre sur les villes, les communes et les entreprises. «Les villes et les communes sont des multiplicateurs et des modèles pour la population et les entreprises peuvent investir dans des mesures d'efficacité rentables grâce à un temps de préparation plus long», explique Marianne Zünd.
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Les entreprises ont déjà été approchées cet été par une campagne spéciale dotée d'un budget d'environ 2 millions de francs. En revanche, le groupe cible des villes et des communes fera l'objet de mesures de communication spéciales à partir de l'automne. Sur le plan graphique, celles-ci s'inspireraient de la campagne d'images thermiques menée jusqu'à présent. «Le budget pour cela est d'environ 200'000 francs.»
Des économies sont-elles réalisées?
Au total, le département d'Albert Rösti dispose de 7 millions de francs supplémentaires pour les campagnes de cette année. L'OFEN apporte en outre 2 millions de francs supplémentaires de ses propres moyens. Il est bien possible que cette somme ne soit pas entièrement utilisée et que le ministre de l'Énergie fasse ainsi des économies sur cette campagne – ce qui profiterait au budget fédéral en difficulté. «Pour l'instant, il n'est pas possible de chiffrer combien d'argent sera éventuellement économisé», explique Marianne Zünd.
En tout cas, aucun budget supplémentaire n'a été alloué pour 2024 à l'initiative de la réduction de la consommation d'énergie pour cet hiver. Si une campagne devait tout de même être nécessaire dans la deuxième moitié de l'hiver, l'argent devrait être compensé au sein de l'OFEN ou un crédit supplémentaire devrait être demandé, selon la porte-parole.