Les Suisses ont peur du black-out. Le Conseil fédéral et le Parlement travaillent fébrilement au développement de l'approvisionnement énergétique. En tant que membre de la Commission de l'électricité (ElCom), Felix Vontobel se préoccupe également de la menace de pénurie d'énergie cet hiver. Mais comme particulier, il peut rester serein. La maison de sa famille à Poschiavo, dans les Grisons, produit plus d'électricité solaire qu'elle n'en a besoin - et cela pendant toute l'année.
La construction à énergie positive a été achevée en 2021. «Nous voulions profiter un maximum du soleil, de manière efficace en termes d'énergie et de ressources», explique Felix Vontobel. La maison dispose d'une isolation à toute épreuve, d'une pompe à chaleur, d'un réservoir d'eau chaude et de panneaux photovoltaïques intégrés sur toute la surface des façades et du toit. Elle consomme tout juste 7400 kilowattheures d'électricité par an - pour une production de 45'000 kilowattheures. Le bâtiment fournit donc 609% de sa propre consommation.
Des excédents massifs d'électricité, même en hiver
La constance de la production d'énergie force l'admiration: même en hiver, la maison produit des excédents massifs d'électricité - près de 400% de la consommation totale. C'est unique en Europe. «Sur l'ensemble de l'année dernière, le bâtiment n'a produit que douze jours de moins d'énergie que nous n'en avons consommé, explique Felix Vontobel. Cette lacune peut être comblée par une simple batterie.»
435 panneaux photovoltaïques recouvrent l'ensemble du bâtiment. Mais pour les voir, il faut s'en approcher. «L'objectif était de combiner la technique et l'esthétique», explique l'architecte Nadia Vontobel. Lors de la création des plans, la fille de la famille a délibérément tenu compte des contraintes hivernales pour placer l'alimentation électrique: l'orientation du bâtiment, l'inclinaison du toit, les fenêtres et les découpes ont été conçues pour tirer le meilleur parti possible du soleil, même pendant la saison froide.
Pas seulement efficace dans les vallées de montagne
De telles performances ne sont pas uniquement possibles dans les vallées de montagne ensoleillées. Preuve en est cet immeuble d'habitation datant de 1974 à Fahrwangen (AG). Une rénovation énergétique a permis de réduire le besoin total en énergie de 137'000 à 24'700 kilowattheures par an. Les installations solaires sur les toits, les façades et les balustrades des balcons fournissent 78'000 kilowattheures sur cette durée. Cela représente 315% des besoins propres de la structure.
«L'installation de Fahrwangen est un exemple impressionnant de ce qui est techniquement possible aujourd'hui», déclare le directeur argovien de l'énergie Stephan Attiger. Il est en train de tenter à nouveau de réviser la loi cantonale sur l'énergie. La première tentative a échoué dans les urnes en 2020. Depuis, les Argoviens ont pu continuer à installer des chauffages de remplacement à énergie fossile, et le photovoltaïque sur les toits est resté facultatif. «Nous devons d'abord réduire la consommation, c'est pourquoi le programme d'encouragement avec des mesures d'efficacité énergétique est important, explique Stephan Attiger. Cela ne sert à rien d'enlever un chauffage au mazout et de se chauffer ensuite à l'extérieur.»
Un gain économique non négligeable
La maison énergétique de Fahrwangen fait les deux en même temps: elle isole et alimente en énergies renouvelables. L'architecte Giuseppe Fent a réalisé la rénovation. Il construit des maisons solaires depuis 30 ans. «Je ne veux pas donner de mon temps pour polluer», s'exclame-t-il. Mais les constructions à énergie positive sont aussi un gain économique: «Les investisseurs dépensent 9% de plus, mais gagnent ensuite 26% grâce à la vente de l'énergie excédentaire.»
Les maisons de Poschiavo et Fahrwangen ont été récompensées cette semaine par l'Agence Solaire Suisse. En Suisse, il n'existe que 230 bâtiments à énergie positive. Si la moitié des bâtiments du pays étaient construits ou rénovés selon ce concept, ces maisons pourraient fournir 127 térawattheures d'électricité solaire par an, soit le double de la consommation totale actuelle.
(Adaptation par Lliana Doudot)