Les fermetures des écoles pendant la pandémie sont encore vivaces dans nos esprits. Mais aujourd'hui, la crise énergétique pourrait, elle aussi, vider les établissements scolaires.
Le canton de Zoug prévoit ainsi, dans un scénario d'urgence, de fermer les écoles en cas de panne de courant prolongée. La semaine dernière, le Conseil d'Etat a délégué la compétence pour une telle décision jusqu'à la fin de l'année au directeur de l'Education, l'UDC Stephan Schleiss.
Les préoccupations sécuritaires au premier plan
Pas d'électricité, pas d'école! Les parents et les écoliers sont désormais informés de ce scénario. «L'enseignement dans des écoles publiques sans électricité pendant une période prolongée n'est pas une option. Et ce, pour diverses raisons», indique une lettre de l'Office des écoles secondaires, dont Blick a obtenu une copie. En effet, «en cas de panne de courant prolongée, la sécurité des élèves ne peut pas être garantie».
Il y aurait, par exemple, de fortes restrictions dans le domaine des transports publics. Les organisations de secours d'urgence ne seraient que difficilement accessibles et disponibles, écrit le directeur de l'office, Christoph Freihofer: «Les écoles cantonales restent fermées.»
Plans en cas de paralysie des transports publics
Si une panne de courant non annoncée devait survenir au cours d'une journée scolaire, l'école ne serait fermée que lorsque tous les élèves auraient pris le chemin du retour. Si cela n'est pas possible en raison d'une panne des transports publics, «des places d'attente appropriées seront mises à la disposition des personnes concernées au sein de l'école». Si une panne de courant imprévue survient en dehors des heures d'école, «les élèves resteront chez eux».
Les écoles zougoises prévoient également le cas où des «coupures roulantes» planifiables, c'est-à-dire des coupures de courant par région pendant plusieurs heures, se produiraient. L'accent serait alors mis sur «l'enseignement à distance axé sur le travail autonome des élèves».
On fait déjà des économies
Mais la lettre tente également de rassurer les parents et les enfants. «Les chances que la Suisse et le canton de Zoug passent l'hiver et le printemps sans pannes de courant sont intactes», peut-on lire dans le document.
L'office renvoie en outre aux mesures déjà décidées par le canton pour réduire la consommation d'énergie. Par exemple, la température des pièces est limitée à 20 degrés, la courbe de chauffage est abaissée le week-end, les jours fériés et la nuit, l'eau chaude est économisée. Zoug a d'ores et déjà renoncé aux illuminations de Noël.
D'autres cantons réfléchissent
Dans d'autres cantons, on se préoccupe aussi du fonctionnement de l'école en cas d'aggravation de la situation énergétique, voire de black-out.
Dans le canton de Schaffhouse, «de premières réflexions ont été menées», a déclaré le vice-chancelier d'Etat, Christian Ritzmann, à Blick. Il n'y a certes pas encore de planification concrète pour un passage à l'enseignement à distance dans le contexte d'une éventuelle pénurie d'électricité. Mais «il serait possible de recourir à court terme à la structure et à l'organisation qui existent encore du temps de l'enseignement à distance en période de Covid».
En Argovie, une taskforce cantonale prend des dispositions en cas d'urgence. «Les conséquences sur le fonctionnement de l'école y sont bien entendu prises en compte», explique Simone Strub Larcher, de la direction de l'Education. En raison de l'expérience du coronavirus, le principe «l'école a lieu» s'applique. Pour l'instant, il s'agit surtout de sensibiliser et de réaliser des économies d'énergie dans le fonctionnement des bâtiments scolaires.
Enseignement présentiel à conserver
Ailleurs non plus, on ne pense guère à un scénario de fermeture. «L'importance pédagogique, psychologique et sociale de l'enseignement présentiel nous a été démontrée de manière impressionnante pendant la pandémie», écrit Michael Lehner, de la direction de l'Education de Bâle-Campagne. C'est pourquoi, même en cas de pénurie d'énergie, le canton souhaite éviter autant que possible les mesures radicales comme l'enseignement à distance dans les écoles: «En fin de compte, si cette résolution peut être respectée, cela dépendra toutefois de l'évolution de la situation ainsi que des directives de la Confédération.»
Le canton de Zurich estime que «pour l'instant, il est plutôt improbable» que des coupures de réseau se produisent. La direction de l'Education indique que l'on examine actuellement comment les écoles peuvent malgré tout se préparer à cette phase. Mais il est clair que «par principe, la fermeture d'écoles doit rester le dernier recours».
Aucune information en Suisse romande
Du côté des Grisons, le canton précise: «Les fermetures d'écoles liées à une éventuelle pénurie d'électricité et à des pannes de courant prolongées ne sont actuellement pas une option.»
A Berne, on prend une fois de plus les choses avec calme. «Dès que les différents scénarios seront connus au niveau fédéral, nous réglerons définitivement cette question», annonce succinctement la direction de l'Education.
Du côté de la Suisse romande, aucune information n'a encore été communiquée.