La Poste veut aller de l’avant dans la lutte contre le changement climatique. Le géant jaune s’est fixé l’objectif de zéro émission nette d’ici 2040. Et pour y parvenir, il a élaboré un plan.
Sous la direction de Roberto Cirillo, le groupe est allé à la rencontre des propriétaires de terrains forestiers… en Allemagne. Il a acheté une forêt de 2400 hectares dans l’État de Thuringe. Cela représente plus de 3361 terrains de football dans le «cœur vert de l’Allemagne».
Mais il y a un hic: la capacité de stockage en CO₂ des forêts allemandes est déjà prise en compte dans le bilan climatique de nos voisins. C’est pourquoi les entreprises du pays ne peuvent pas acquérir de forêts pour compenser leurs émissions de CO₂. Sinon, le CO₂ absorbé par les arbres serait comptabilisé à double.
En forçant le trait, on peut dire que l’achat de terrains forestiers par la Poste ne profite pas au climat, mais à l’entreprise et à l’État allemand.
«Ce n’est pas du greenwashing»
La Poste conteste fermement ce reproche. «Il n’est pas question de greenwashing», fait-elle savoir. Elle entreprend beaucoup pour atteindre l’objectif zéro net d’ici 2040. Avec 7000 voitures, elle possède déjà la plus grande flotte de véhicules électriques de Suisse, chauffe près de 60% de ses immeubles avec des énergies renouvelables et produit chaque année 10,9 gigawattheures de courant solaire. D’ici 2030, ce chiffre devrait même atteindre 30 gigawattheures.
Selon l’entreprise, les 10% d’émissions de CO₂ que la Poste ne peut pas éviter doivent être extraits de l’atmosphère – notamment grâce à l’achat de forêts. «Ce n’est pas du greenwashing. Au contraire, la Poste prend ses responsabilités et agit au lieu de simplement formuler des intentions», souligne un porte-parole, contacté par Blick.
Seulement voilà, l’acquisition de forêts ne permet pas de capter davantage de CO₂. Si la Poste reboisait des friches, par exemple, la situation serait différente.
Pas «compenser», mais «neutraliser»
La Poste souligne que le projet d’achat de forêts ne vise pas à «compenser», mais à «neutraliser». Comprenez: la quantité de CO₂ stockée par les arbres en Allemagne n’est pas prise en compte tel quel par la Poste dans son bilan carbone.
Seul le CO₂ contenu par le bois récolté et stocké – pour la construction par exemple – entre dans les calculs. Dans ce cas de figure, l’investissement de la Poste garantit que le CO₂ stocké par les arbres ne pourra être comptabilisé à double. Oui mais… Le résultat en serait de même si la forêt de Thuringe appartenait à quelqu’un d’autre.
Un nouveau domaine de recherche
Quoi qu’il en soit, sur le papier, l’achat des forêts aide la Poste à atteindre son objectif net zéro, grâce à 9000 tonnes de CO₂ «neutralisées» par an, selon les premières estimations. Le géant jaune souligne que la neutralisation est un nouveau domaine de recherche. C’est pourquoi elle collabore avec plusieurs partenaires et universités.
Dans l’État de Thuringe, la Poste prévoit de favoriser les forêts mixtes – plus avantageuses pour le climat – et d’éliminer les arbres malades. De plus, elle compte promouvoir la biodiversité en créant, par exemple, des zones qui resteront intouchées.
La Poste ne gérera d’ailleurs pas elle-même la forêt. Elle mandatera des entreprises allemandes à cet effet.