Le «Climate Change Performance Index» (CCPI) 2023 a été publié lundi à l'occasion de la COP27 en Egypte par l'organisation environnementale Germanwatch de concert avec le New Climate Institute et le Climate Action Network. Il évalue chaque année depuis 2005 les efforts d’atténuation du réchauffement climatique d'une soixantaine de pays ainsi que de l’Union européenne (UE) dans son ensemble. Quelque 450 experts internationaux y ont contribué.
Respectivement 14e et 15e des deux classements précédents, la Suisse chute cette fois de sept places. Elle fait partie des pays dont la performance s'est le plus détériorée en un an, après la Chine (-13 places, 51e), la Thaïlande (-11, 41e) et la France (-11, 28e). A l'inverse, l'Estonie (+ 23 rangs, 9e) fait désormais partie des «pays vertueux». L'Inde étonne en se retrouvant 5e (+2).
Les pays les mieux classés sont, dans l'ordre, le Danemark (primé notamment pour ses éoliennes), la Suède et le Chili, qui arrivent 4e, 5e et 6e. Les trois premières places (podium) ne sont pas attribuées, les efforts étant jugés insuffisants dans l'ensemble pour s’aligner sur l’objectif de limiter le réchauffement global à 1,5°C. La Suisse arrive juste après la moyenne des pays de l'UE considérée dans son ensemble (19e), derrière l'Egypte aussi (20e), mais devance encore la France (28e), l'Espagne (23e) ou l'Italie (29e).
Au sujet du climat
«Dégringolade» prévisible
Le classement prend en compte quatre grands critères que sont la politique climatique, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie et les mesures en faveur des énergies renouvelables. Pour toutes ces catégories, la Suisse se situe entre la 15e et la 25e place.
«La dégringolade de la Suisse ne me surprend pas», a commenté pour Keystone-ATS Georg Klingler, expert climat et énergie de Greenpeace Suisse, dont la faîtière internationale fait partie du Climate Action Network. «La Suisse ne respecte pas les engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris et ne fait pas assez d'efforts pour réduire ses émissions. Notre pays est sur une trajectoire qui mène à un réchauffement de 3°C», s'alarme-t-il.
Greenpeace dénonce la pratique de la Suisse consistant à «embellir les efforts de protection du climat en Suisse avec des mesures réalisées à l'étranger». Pour rappel, la Confédération a signé des accords avec plusieurs pays en vue de compenser ses propres émissions de CO2 via la promotion de mesures en faveur du climat chez ses partenaires.
Greenpeace observe aussi que «la Suisse connaît un niveau d’émissions par habitant très élevé à cause de ses habitudes de consommation». L'organisation écologiste salue les réductions des émissions de la Suisse à l'étranger, mais ajoute que dès lors que ces efforts se substituent aux mesures réalisées au pays, «la politique fédérale actuelle n'est rien d'autre qu’un greenwashing».
«Payer des pays pauvres»
Récemment, le New York Times a également critiqué la Suisse en ce sens, écrivant qu'elle «payait des pays pauvres» pour réduire son empreinte carbone. A noter cependant que la récente offensive de la Suisse en faveur des énergies renouvelables ainsi que le contre-projet indirect à l'initiative pour les glaciers ne sont pas entrés dans cette évaluation 2022.
Les trois pays du G20 à être classés en vert par le CCPI (places 1-18) sont l'Inde, le Royaume-Uni (11e) et l'Allemagne (16e). La Suisse figure en jaune (pays classés de la 19e à la 34e place), tandis que le Brésil ou la Belgique sont en orange (35e à 49e place). Le Japon, le Canada, l'Arabie Saoudite et l'Iran - ces deux derniers pays fermant la marche - sont classés en rouge. La soixantaine de pays pris en considération émettent au total 92% des gaz à effet de serre de la planète.
(ATS)