Un paquet de critiques à Berne
Grosse résistance contre la fin des colis à domicile

Comme l'a révélé Blick, la Ville de Berne envisage de supprimer la livraison de colis à domicile. Elle est aujourd'hui confrontée à de fortes turbulences, de plusieurs côtés.
Publié: 17.11.2022 à 14:19 heures
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Dernière mise à jour: 17.11.2022 à 14:23 heures
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Pour la Ville de Berne, les livraisons de paquets provoquent trop d'embouteillages dans les rues. Mais le trafic privé représente 83% des véhicules en zone urbaine...
Photo: Zamir Loshi
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Pascal Tischhauser et Ulrich Rotzinger

La fin des colis à domicile? À peine les plans de la Ville de Berne révélés par Blick, mercredi matin, que les réactions ont commencé à pleuvoir de toutes parts. Et c'est peu dire que le projet ne suscite pas l'enthousiasme généralisé.

L'Union des villes suisses (UVS), dont la capitale est membre, se montre la plus compréhensive. Mais elle relève tout de même que sur tous les kilomètres parcourus en Suisse, 90% le sont par des voitures de tourisme (et 83% par le trafic privé). À l'aune de ces chiffres de l'Office fédéral des routes (OFROU), difficile alors d'attribuer bouchons et autres engorgements urbains aux véhicules de livraison.

Pas de report sur les clients

L'objectif principal de l'UVS est de réduire le trafic dans son ensemble, pas seulement celui lié aux colis. Mais il est vrai que l'augmentation des livraisons est un défi, reconnaît l'association.

Pour l'UVS, le principal problème consiste en les livraisons qui n'aboutissent pas, parce que le destinataire n'est pas présent à son domicile. De là à supprimer toutes les livraisons chez les particuliers, il y a un pas que l'on n'est pas prêt à franchir.

Quid des représentants de la branche? Ceux dont le commerce est si florissant que les villes comme Berne s'attendent à un triplement des paquets d'ici 2040? Digitec Galaxus, leader du secteur, salue le fait que les autorités réfléchissent aux défis de l'avenir.

Une leçon d'écologie

Mais priver les consommateurs des livraisons à domicile n'est pas une bonne solution pour autant. «Les coûts et la responsabilité d'agir de manière durable seraient alors reportés sur les particuliers», souligne Digitec Galaxus.

Comprenez: ce sera au destinataire de décider s'il veut protéger le climat en choisissant le vélo aux dépens du SUV. «Nous sommes d'avis qu'il est plus malin d'inciter les grandes entreprises à adopter des solutions de livraison durables, plutôt que de demander cela à chaque consommateur», estime l'entreprise.

Il ne s'agit pas que d'un discours de greenwashing: l'entreprise a déjà mené un projet pilote cette année, durant lequel les colis ont été acheminés vers un point central de Zurich puis livrés par des coursiers à vélo. «Le jour même de la commande, sans suremballage», se félicite Digitec Galaxus. Une vraie leçon d'écologie à la Ville de Berne.

Des critiques de la gauche

Certaines critiques se font d'ailleurs entendre dans le monde politique. Lena Allenspach, coprésidente du PS de la Ville de Berne et conseillère municipale, est claire: «Pas question de démanteler le service public!»

Pour la jeune politicienne de 30 ans, il serait «fatal» de toucher au mandat de service universel de la poste. «Les offices de poste sont déjà en difficulté dans certains quartiers. Les réflexions de la Ville vont dans la mauvaise direction», estime Lena Allenspach.

Charger les clients d'aller chercher eux-mêmes leurs colis ne semble pas la panacée écologique. «Il faudrait savoir ce que cela implique, tant pour les commerces que pour la population», explique la Bernoise, qui envisage de déposer une motion à ce sujet.

Qu'en dit le responsable de la question à l'exécutif de la Ville de Berne? Reto Nause (51 ans, Centre), élu responsable de ces questions, n'était pas disponible pour répondre aux questions de Blick.

Lena Allenspach veut éviter tout démantèlement du service public.
Photo: DR
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