L'an dernier, l'Alliance climatique suisse et quatre associations venant de France, Belgique, Pays-Bas et Royaume-Uni ont porté plainte pour concurrence déloyale auprès de la CSL, parlant de «greenwashing». Elles s'étonnaient que la FIFA puisse vanter «une Coupe du monde neutre en carbone», expliquent mercredi les Avocat.e.s pour le climat.
À leurs yeux, de telles allégations sont fallacieuses. Ils expliquent que, dans le calcul de ses émissions de CO2, la FIFA n'a pas tenu compte de l'impact des 500 vols quotidiens permettant aux supporters de venir au Qatar depuis leur hôtel à Dubaï, Riyad ou au Koweit. Et qu'elle n'a, par exemple, que «très peu» pris en compte les émissions générées par la construction de sept stades.
«Impression erronée et fallacieuse»
Après une procédure longue et complexe, la CSL annonce avoir «approuvé» les plaintes. Elle explique dans un communiqué que la publicité pour la neutralité climatique doit contenir des affirmations correctes et ne doit pas induire le public en erreur.
Dans les publications incriminées, la FIFA a «parfois recouru à des assertions formulées en termes absolus, suscitant ainsi l'impression erronée et fallacieuse selon laquelle la Coupe du monde serait déjà climatiquement neutre avant et pendant le tournoi». Alors qu'il s'agissait d'une promesse «dans un avenir indéterminé et pour autant que certaines conditions concrètes soient remplies».
Pour la CSL, il n'est en outre «pas autorisé» d'affirmer que les objectifs de durabilité ont été atteints tant qu'on ne dispose pas de méthodes de mesure de durabilité définitives et généralement acceptées». La charge de la preuve incombe à l'entreprise, ce que la FIFA n'a pas réussi à faire, ajoute le communiqué.
En conséquence, la commission recommande à la FIFA de renoncer à l'avenir aux allégations contestées «à moins qu'elle ne puisse apporter la preuve de la compensation complète des émissions de CO2».
Concurrence déloyale
Cette prise de position de la CSL réjouit les associations plaignantes. «C'est une «décision historique», s'enthousiasme Raphaël Mahaim, un des avocats pour le climat, qui rappelle que la Suisse ne dispose pas d'autorité chargée de surveiller l'écoblanchiment.
La commission a constaté une violation de la loi sur la concurrence déloyale, «ce qui représente possiblement une infraction pénale». observe-t-il. «Nous allons examiner si nous poursuivons l'affaire avec une dénonciation pénale», a-t-il expliqué à Keystone-ATS.
Agir rapidement
D'une manière générale, les Avocat.e.s pour le climat souhaitent engager une réflexion pour pouvoir agir en amont et faire cesser rapidement l'écoblanchiment lorsqu'il se présente. Une des pistes serait de renforcer les compétences de la commission.
Raphaël Mahaim estime que la décision de la CSL est susceptible de faire évoluer les pratiques. Elle va avoir un effet préventif «assez important», relève-t-il, car les organisations et les entreprises craignent les dégâts d'image. Il rappelle qu'il souhaite un véritable verdissement des pratiques et veut éviter des communications qui ne sont pas conformes à la réalité.
La FIFA conteste
La FIFA, pour sa part, a vingt jours pour faire recours. Dans sa prise de position adressée à la CSL, elle estimait que les consommateurs n'ont été «d'aucune façon» induits en erreur.
Selon elle, la neutralité climatique de la Coupe du monde de 2022 est conforme aux faits et elle peut être contrôlée, puisqu'un rapport sera publié en 2023. Elle conteste en outre le fait que les assertions mises en cause soient de la publicité.
(ATS)