Difficile d’imaginer Pascal Broulis trompeter, un brin foufou: «Coucou à vous tous». Et pourtant! C’est comme cela que commence l’une de ses contributions publiques sur Facebook, diffusée ce jeudi en fin de journée et supprimée depuis.
Et après ce «coucou»? Les mots de l’ancien conseiller d’Etat vaudois du Parti libéral-radical (PLR), candidat dans la course au Conseil des États, vous seront peut-être familiers. Surtout si vous avez vos petites habitudes sur la plateforme de Mark Zuckerberg. «N’oubliez pas de rafraîchir la liste de ceux que vous auriez plaisir à lire… Sinon, elle se focalise seulement sur ceux qui réagissent systématiquement…»
Alors, ça vous revient? Continuons brièvement de lire la prose du champion du centre droit pour le plaisir — coupable — avant de tirer la prise de ce hoax presque aussi vieux que le monde. «J’ai 'réparé' mes messages bloqués… Je voulais savoir où étaient tous mes amis? C’est triste d’avoir bcp amis (sic) et seulement 35 sont autorisés à voir mes messages.»
Une chaîne parfaitement inutile
La suite, toujours dans un français un peu baroque, est archiconnue. Pour gagner en visibilité et donc contourner le méchant «système» de Facebook qui limiterait votre rayonnement ainsi que celui de vos pairs, il vous est recommandé de copier/coller ce message puis de le publier à votre tour sur votre profil.
Disons-le tout de suite: si vous vous exécutez après être tombé sur le statut de l’une ou l’un de vos amis virtuels (très probablement nés avant les années 1980), vous ne ferez rien d’autre qu’alimenter une chaîne parfaitement inutile. L’écrivaine et ancienne journaliste Emmanuelle Robert expliquait déjà la combine en 2020 sur son blog hébergé par «Le Temps», dans un billet intitulé: «Toi aussi, copie-colle».
Ses conseils, qui pourront vous paraître évidents, restent de fait d’actualité: «Que faire quand je me retrouve devant une 'info' que je lis, qui m’émeut, m’effraie, m’enchante et qu’on me propose de copier-coller ou de partager? Si je veux vraiment me rendre utile, je vérifie d’où elle vient. Et si je n’arrive pas à vérifier d’où elle vient, je me méfie. Pour vérifier, j’utilise, par exemple, des moteurs de recherche.»
Emmanuelle Robert développe: «Dans le cas de notre contournement d’algorithme Facebook, on trouvera par exemple le lien suivant, qui renvoie à une émission d’Arte sur les fausses nouvelles. Il se trouve qu’il y a des gens dont c’est le métier de démêler le vrai du faux. Dans le domaine de l’information, les mieux placés pour le faire, ce sont les journalistes.»
À noter, par ailleurs, qu’il existe aussi des sites et des blogs spécialisés dans les fausses informations numériques du genre. À l’instar de hoax-net.be, qui s’était également intéressé à un post qui ressemblait furieusement à celui partagé par Pascal Broulis.
Pascal Broulis, un as du portable
Nous le disions en début de cet article, le texte du cador du PLR a vite été effacé. Est-ce parce que le premier commentaire tançait la «chaîne bidon» alimentée par l’ex-ministre cantonal des Finances? L’habitant de Sainte-Croix, aux compétences politiques hors normes, est-il nonobstant un peu à la peine sur les réseaux sociaux? Était-ce d’ailleurs vraiment lui derrière cette bafouille presque un peu touchante?
Le quinquagénaire est en tout cas très alerte sur son portable. Joint ce vendredi en début d'après-midi, il ne nous a pas laissé le temps de lui poser toutes nos questions: «Je ne sais pas, je n’ai pas le temps, je n’ai aucun commentaire à faire», peste-t-il, avant de raccrocher abruptement. Gardons le positif: community manager est visiblement toujours un métier d'avenir!