«Sur le principe, sa présence n’est pas la bienvenue» déclare le Conseil administratif de Genève concernant l’escapade d’Éric Zemmour dans la Cité de Calvin, prévue le 24 novembre prochain. Le désormais presque candidat aux élections présidentielles françaises doit y tenir débat avec Marc Bonnant, sur invitation d’une association nommée Convergences.
Mais cette rencontre est fortement contestée, tant du côté politique qu’au sein de nombreux milieux culturels et associatifs. La Ville a quant à elle confirmé qu’elle ne louerait pas de salle. Ce qui ne manque pas d’irriter fortement l’avocat genevois, lui aussi quelque peu adepte de la provocation.
Les grands polémistes se rencontrent
Que l’on soit pour ou contre, ce rassemblement aura en tout cas eu le mérite d’accaparer le débat public genevois. Et de rallumer l’ardent brasier de la question de la liberté d’expression.
Contacté par Blick, Marc Bonnant, censé être l’interlocuteur du polémiste français durant la rencontre, n’est même plus certain que cette dernière puisse avoir lieu. La faute à «la mairie enténébrée et gauchiste», fustige-t-il.
À ceux qui tentent d’interdire l’événement, il rétorque: «C’est pitoyable et méprisable. Une manifestation organisée fait partie de la liberté d’expression. Que l’on veuille interdire à quelqu’un de s’exprimer sur notre territoire, c’est une intolérable atteinte à la liberté d’expression. Si l’on considère que ce qu’il dit est insupportable – admettons que la notion de pensée abjecte existe – une pensée abjecte se combat par la pensée, pas par l’interdit.»
Celui qui qualifie le Français d'«ami de longue date» reste néanmoins vague quant au sujet précis qui devrait occuper les deux personnalités lors de ladite conférence. Il ne nie cependant pas le lien de cette impulsion avec les élections prochaines de nos voisins. Éric Zemmour pourrait-il devenir président de la République? «J’essaie de dissocier ce que je pourrais vouloir de ce qui est réaliste», confesse l’avocat.
À lire aussi
Liberté de quoi?
La manifestation pourrait-elle vraiment passer de clandestine à tout bonnement interdite? C’est ce qu’exige une pétition qui compte déjà plus de 1500 signatures. Mais le débat est virulent. Avec des antécédents en prime: en 2009 déjà, la ville avait refusé de donner une salle à Dieudonné. L’humoriste a ensuite saisi la justice… et gagné ses deux procès. Les juges avaient estimé que la décision de la Ville de Genève violait la liberté d’expression, comme le rappelle RTS.
Outre Marc Bonnant, d’autres voix plus modérées s’élèvent. Elles dénoncent un muselage inapproprié. Mauro Poggia, conseiller d’Etat genevois chargé de la sécurité, déclare par exemple dans La Matinale de lundi: «La ville de Genève est libre de décider à qui elle souhaite mettre à disposition des salles qui relèvent de sa compétence. En ce qui concerne le Canton, il ne peut interdire une manifestation que si elle présente un risque pour l’ordre public. Or l’on voit bien qu’entre l’ordre public et la censure, il n’y a qu’un pas, regrette le politicien genevois. Certains voudraient qu’on le franchisse pour interdire ce type de réunions […]. Mais nous sommes dans un Etat de droit, dans lequel les personnes peuvent s’exprimer.»