Seuls deux politiciens du Centre peuvent imaginer succéder à Viola Amherd au Conseil fédéral. L'Assemblée fédérale décidera mercredi si le leader paysan Markus Ritter ou le conseiller d'Etat zougois Martin Pfister fera son entrée au gouvernement national. Le point crucial de ce faible intérêt devrait être le Département de la défense (DDPS) qui se libère. De nombreux chantiers difficiles attendent le futur chef du DDPS et un personnel insatisfait.
C'est ce que montrent les rapports annuels du service de confiance du DDPS des deux dernières années, dont le SonntagsBlick a eu connaissance. Les signalements adressés au médiateur indépendant ont fortement augmenté: de 80 signalements en 2022, ils sont passés à 95 en 2023 et à 105 l'année dernière. Les collaborateurs s'adressent à l'organe confidentiel lorsque leurs problèmes ne peuvent pas être résolus par les canaux habituels. Dans plus de la moitié des cas, il s'agissait de litiges avec des supérieurs hiérarchiques. Certaines consultations ne durent que quelques minutes alors que d'autres peuvent durer des mois.
Mécontentement à l'Office fédéral de l'armement
Au cours des deux dernières années, tout le monde a parlé des dysfonctionnements au sein du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Le directeur Christian Dussey, qui a échoué dans sa tentative de restructurer complètement le département, s'est attiré le mécontentement du personnel et a provoqué un exode parmi les agents des services secrets. En effet, le médiateur s'est vu confronté dernièrement à plus du double de messages provenant du SRC qu'en 2022, alors que les conflits au travail n'ont pas seulement augmenté au sein du service secret, mais aussi dans plusieurs offices fédéraux du DDPS.
L'augmentation à l'Office fédéral de l'armement (Armasuisse) est frappante. Alors que deux collaborateurs s'adressaient encore au service de médiation en 2022, ils étaient déjà onze l'année dernière. Comme les services secrets, Armasuisse subit une transformation de taille. «Malgré une bonne implication des partenaires sociaux, la réorganisation d'Armasuisse ne s'est pas faite sans points de friction», écrit le médiateur Walter Mengisen dans son rapport pour l'année 2024.
Interrogé, l'ancien vice-directeur de l'Office fédéral du sport (OFSPO) n'a pas été autorisé à en dire plus sur les cas individuels. Dans son rapport annuel à la cheffe du DDPS Viola Amherd, le responsable du service de confiance indique que le «manque d'appréciation» est régulièrement cité comme motif de conflit et appelle donc à la transparence et à une bonne communication, notamment lors de réorganisations.
Culture machiste chez les cadres
Le service de confiance critique le machisme qui règne dans l'armée. Le chef de l'armée Thomas Süssli est entré en fonction en 2019 avec pour mission d'initier un changement culturel au sein du bureau et d'augmenter considérablement la proportion de femmes dans le service. Mais, comme pour l'armement, la modernisation n'est pas terminée. Les frictions et les comportements inappropriés semblent surtout exister là où la culture de la gestion militaire rencontre celle de la gestion civile dans l'administration.
Dans son rapport annuel 2023, Walter Mengisen a constaté que la culture de direction militaire provoquait continuellement des conflits, en particulier avec les collaboratrices féminines. Le responsable du service de modération conclut: «Il semble que les cadres militaires masculins ne soient pas encore tout à fait capables de gérer les changements sociaux du 21e siècle.»
«J'ai rarement vu une si mauvaise gestion des affaires publiques»
Après l'élection complémentaire de la conseillère fédérale sortante Viola Amherd, les militaires et les femmes des services secrets attendent avec impatience les décisions concernant le personnel de la nouvelle direction du DDPS. Avec les départs du chef de l'armée Thomas Süssli et du directeur du SRC Christian Dussey, deux postes clés doivent être repourvus. Alors que la démission de Thomas Süssli est regrettée par la majorité des militaires, le départ de Christian Dussey était pratiquement inévitable après les taux d'approbation désastreux relevés lors de sondages auprès des collaborateurs.
L'Association du personnel de la Confédération (APC) a rendu un hommage peu flatteur aux trois années de mandat du Genevois après l'annonce de son départ: «L'APC a encore rarement vu une gestion aussi mauvaise», a-t-elle écrit dans un communiqué. Un constat qui crée une grande incompréhension quant au fait que Christian Dussey doive encore diriger les services secrets suisses jusqu'à fin mars 2026 à la demande de Viola Amherd, alors qu'il souhaitait lui-même quitter le service après le délai de préavis ordinaire de six mois.
Il n'est pas certain que son successeur au DDPS apprécie cet accord. Au Palais fédéral, des voix s'élèvent déjà pour demander que Christian Dussey soit démis de ses fonctions plus tôt. Sa capacité d'action en tant que chef du SRC a déjà été fortement restreinte en août dernier, lorsque le secrétaire général adjoint du DDPS a été nommé comme coach de gestion. Un superviseur qui surveille le responsable le plus haut placé des services secrets du pays, c'est du jamais vu.
Moins d'1% concerné
Malgré de nombreux chantiers et projets de transformation, le rapport du service de médiation pour le DDPS est suffisant. La culture d'entreprise semble être «en règle générale» bonne, écrit le médiateur, «mais présente toujours un potentiel d'amélioration».
Le département ne veut pas dramatiser l'augmentation des conflits signalés au service de médiation. Au lieu de cela, on fait remarquer que les 105 signalements sur plus de 12'000 employés représentent moins d'1% des collaborateurs.