Leur enfant rate 487 périodes
Des parents anti-masque amendés pour avoir retiré leur fils de l'école

Un couple bernois anti-masque a refusé que leur enfant se plie aux restrictions de l'école. Leur fils a raté plus de 400 périodes pour cette raison. Le juge du tribunal régional n'a montré aucune clémence envers les parents et leurs «raisons idéologiques».
Publié: 14.07.2022 à 12:09 heures
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Dernière mise à jour: 14.07.2022 à 13:58 heures
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Le couple de parents devant le tribunal régional d'Emmental-Oberaargau à Burgdorf (BE) se rend à la pause de midi avec ses avocats. Le jugement a été prononcé à 13 heures.
Photo: Blick
Beat Michel

«Je pense n’avoir commis aucune faute», assure la femme interrogée par le juge du tribunal régional Emmental-Oberaargau à Berthoud (BE). La Bernoise ne tarde pas à prononcer la phrase qu’elle et son mari répéteront une bonne douzaine de fois pendant le procès: «Tout ce qui nous importe, c’est le bien-être de notre enfant.»

Nicole et Thomas W.* sont de fermes opposants à l’obligation du port du masque dans les écoles. Devant le tribunal, ils se défendent d’avoir reçu une amende de 1000 francs pour ne pas avoir envoyé leur enfant à l’école pendant un total de 487 périodes. Le juge ne comprend pas leur combat idéologique.

Le conflit entre l’école et le couple commence lorsque leur fils entre en classe sans masque de protection le 9 février 2021. Deux jours plus tôt, le Conseil d’État du canton de Berne avait décidé d’étendre l’obligation du port du masque aux classes de 5e et de 6e. Comme l’élève n’apporte pas d’attestation, l’enseignant, en accord avec la direction de l’école, le renvoie immédiatement chez lui. «Cela a été totalement traumatisant pour notre enfant», raconte Nicole W. au tribunal.

Absence sans excuse

Comme il n’y a pas d’excuse juridiquement valable, l’enfant reste à la maison jusqu’à début mars. «Nous devions nous remettre du choc», explique la mère pour justifier cette longue absence. Elle ne comprend pas non plus pourquoi le fait que l’enfant soit resté à la maison pendant la pandémie a soudain posé problème. «L’année précédente, l’école à la maison avait très bien fonctionné pendant le semi-confinement», a-t-elle fait remarquer.

Début mars, la famille a reçu l’attestation d’un médecin affirmant que le garçon ne supporte pas le masque. «Il ne peut tout simplement pas bien respirer avec», détaille la mère de famille.

L’attestation ne passe pas

Même avec un certificat médical, le retour à l’école de l’enfant de Nicole W. ne se passe pas comme prévu. «Il n’avait pas le droit de sortir avec les autres enfants pendant la récréation, il devait s’asseoir seul à un pupitre, il n’avait pas le droit d’aller à la gymnastique. Lorsqu’il rentrait à la maison, il ne faisait que crier qu’il ne voulait plus jamais aller dans cette école», se souvient sa mère. Les parents décident alors de garder à nouveau leur enfant à la maison jusqu’aux vacances d’été.

Thomas W. considère que la responsabilité du conflit incombe exclusivement à l’école. «Je voulais discuter avec eux. Ils ne nous ont pas écoutés», dénonce le père de famille, travaillant en tant qu’indépendant. Même lorsqu’il a rendu visite au directeur de l’école et au professeur principal le dimanche précédant l’introduction du port obligatoire du masque, ils n’ont pas répondu à ses arguments. «L’école ne s’intéresse pas aux enfants, mais préfère les jeux de pouvoir», énonce Thomas W., le visage grave.

Amende augmentée

Le juge ne partage pas l’avis des parents. Il confirme l’ordonnance pénale dans son intégralité et augmente l’amende à 1300 francs par parent. «L’école n’a fait qu’appliquer les directives du législateur, elle ne pouvait même pas discuter de l’obligation de porter un masque», justifie le juge. Ce dernier en appelle enfin à la conscience du couple de parents: «A la place de vous arranger avec l’école, vous avez fait payer le prix fort à votre fils. Vous aviez des raisons idéologiques. Il n’y avait pas d’état d’urgence. Vous n’aviez aucune raison de retirer l’enfant de l’école.»

Nicole et Thomas W. ont dix jours pour demander une motivation du jugement et pourront alors décider s’ils portent l’affaire devant une instance supérieure.

*Noms connus de la rédaction

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