Sur les toits, dans des jardins ou n’importe où dans l’espace public: il existe actuellement en Suisse environ 20’000 antennes de téléphonie mobile. Pour couvrir tout le territoire national avec la pleine puissance de la 5G, il en faudrait toutefois deux fois plus — mais c’est un parcours du combattant pour les opérateurs, Swisscom en tête.
Le cas d’Alain Berset l’illustre bien: le ministre de la Santé s’est opposé en tant que citoyen à la construction d’une antenne de téléphonie mobile dans les environs de son domicile de Belfaux (FR). Le motif principal? Son emplacement, puisque l’antenne aurait été au milieu du village, dans un point de basse altitude (contrairement à la pratique habituelle) et proche d’un bâtiment protégé. Mais des atteintes à la santé ont également été évoquées par la famille Berset.
Des «chasseurs de sites»
Pour trouver des sites d’antennes appropriés, les opérateurs de télécommunications font généralement appel à des entreprises externes, appelées «chasseurs de sites». «Celles-ci proposent aux propriétaires privés d’installer une antenne sur leur toit», explique Daniel Gruber. Son entreprise, W-Com Wireless Communications, représente les intérêts des particuliers, des pouvoirs publics ainsi que des grandes sociétés immobilières face aux fournisseurs de téléphonie mobile.
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Argument de vente numéro un pour séduire des propriétaires: la rémunération proposée contre la mise à disposition d’un toit. Car quiconque accepte une telle installation est grassement payé, même si les tarifs varient fortement d’une région à l’autre.
Swisscom réfute toute «arnaque»
Les entreprises de télécommunication proposent souvent un loyer de 6000 francs par an. «Mais elles attirent parfois les propriétaires privés en leur proposant de verser le loyer plusieurs années à l’avance», explique Daniel Gruber. Avec cette stratégie, les opérateurs peuvent donc offrir un contrat de 15 ans contre une belle enveloppe de 90’000 francs, versée en une seule fois.
«C’est beaucoup d’argent, donc cela peut vraiment inciter un propriétaire à accepter», explique l’expert. Lequel formule un vif reproche aux opérateurs: «Souvent, ils essaient de négocier un loyer aussi bas que possible, non conforme au marché et au lieu. Des sociétés externes d’acquisition de sites pour de telles antennes peuvent être récompensées lorsqu’elles arrivent à arnaquer un propriétaire non informé», assure Daniel Gruber.
Une accusation formellement contestée par Swisscom: «Nos loyers et nos contrats pour des sites de téléphonie mobile sont équitables et conformes au marché», assure le porte-parole de l’opérateur, Armin Schädeli.
Jusqu’à 1,8 million de francs!
Dans les centres urbains, des loyers allant jusqu’à 50’000 francs par an sont possibles. Calculés sur quinze ans, cela représente un pactole de 750’000 francs. Dans les zones rurales, des loyers annuels de 12’000 francs par an sont courants.
Les cas extrêmes se trouvent dans des grandes villes comme Genève, Zurich ou Lausanne, selon l’expert: les loyers peuvent atteindre 120’000 francs par an, soit une enveloppe de 1,8 million remise pour les quinze prochaines années.
Ce qui est sûr, c’est que si vous acceptez une telle installation sur votre toit, vous devez absolument négocier. «La plupart du temps, il est possible d’obtenir trois fois plus que ce qui a été proposé au départ», insiste l’employé de W-Com Wireless Communications.