En quittant son logement, Verena E.* a laissé derrière elle plus de 20'000 francs de dégâts. Elle a pourtant habité moins d'un an dans l'appartement de Siegmar Burkia. Le propriétaire se trouve face à un logement insalubre qu'il doit nettoyer tout seul.
Mais il n'est pas le seul dans cette situation. En effet, Verena est une «locataire nomade». Elle laisse derrière elle une traînée de désolation... et personne ne peut l'arrêter.
Dès le pas de la porte de la maison de deux étages à Wangen an der Aare (BE), on est accueilli par le premier vestige: l'escalier en pierre est percé de 10 trous d'où dépassent des vis en acier de 10 centimètres de long. «C'est ici qu'était fixé son élévateur de fauteuil roulant, raconte Siegmar Burkia. Il ne devait être que provisoire, jusqu'à ce que l'AI construise un élévateur extérieur dans le salon.» Il a appris plus tard que l'AI n'avait jamais autorisé un tel ascenseur. «Sa demande a été refusée avant même qu'elle ne signe le contrat de location. Elle m'a menti. Si j'avais su, je ne l'aurais jamais laissée emménager.»
Plus de 20'000 francs de dommages
Selon le devis, la réparation de l'escalier coûterait à Siegmar Burkia au moins 2000 francs. Il doit aussi faire remplacer le parquet dans tout l'appartement. «Le sol du salon était plein d'urine et d'excréments de chiens, cela s'est incrusté dans le bois.» Une odeur d'urine pestilentielle flotte dans l'air lors de notre visite. Estimation des coûts: environ 10'000 francs.
A cela s'ajoutent 5000 francs pour débarrasser les murs des dépôts de cigarettes et les repeindre. «Nous avions convenu qu'elle ne pouvait fumer que dans la cuisine. Mais elle ne s'y est pas tenue.» Il y a également des dégâts sur les cadres de porte à hauteur de fauteuil roulant, des dizaines de trous dans les murs, des taches de moisissure dans la salle de bain et le couvercle des toilettes. Des lampes ont même disparu.
Il y a presque un an, Verena emménageait dans l'appartement fraîchement rénové du Bernois. Lorsque le propriétaire est entré pour la première fois dans l'appartement en avril, il était sous le choc. «Il y avait des déchets partout et ça sentait sacrément mauvais. C'était tellement insalubre que je devais mettre ma main devant le nez.» Comme l'appartement est resté vide depuis le départ de Verena fin juillet, Siegmar Burkia a perdu au moins quatre mois de loyer. «Je n'ai plus d'argent pour rénover.»
Encore plus de bailleurs lésés
Verena a habité de 2013 à 2017 chez Edmund B.* «Pendant des années, j'ai beaucoup toléré parce que j'avais pitié d'elle», confie l'homme. Mais lorsqu'elle a commencé à entreposer ses déchets non seulement dans son appartement, mais aussi autour de l'immeuble, il l'a congédiée. «Elle fait ce qu'elle veut et se moque de savoir qui doit payer!» Lors de son déménagement, elle aurait laissé derrière elle des dégâts pour plus de 5000 francs.
Verena a ensuite habité chez Birgit A.*. «Je n'ai pas de rancune contre elle. Mais quand elle est partie sans respecter le délai de résiliation, j'ai perdu des loyers. C'est à ce moment que j'ai espéré un soutien de Pro Infirmis», avoue la Suissesse. L'organisation pour personnes handicapées avait établi le premier contact avec Verena. «Mais dès qu'il y a eu des problèmes, ils m'ont laissé seule.» Même face aux informations de Blick, Pro Infirmis renvoie tout simplement au droit du bail.
Verena conteste les accusations
Interrogée par Blick, Verena ne se sent pas coupable. Edmund se serait enrichi sur son dos. «Quand il n'y avait plus rien à récupérer, il a voulu se débarrasser de moi.» Elle a quitté l'appartement de Siegmar Burkia nettoyé et sans dommages. «Je n'ai fumé que dans la cuisine, mais il n'y a jamais eu d'accord de ce genre.» Elle n'aurait jamais non plus menti au sujet de l'ascenseur extérieur. «Comme j'ai déménagé d'un autre canton, les clarifications ont pris plus de temps.»
Ses seuls dommages à la maison de Siegmar Burkia sont les vis en acier dans l'escalier, selon elle. «Lorsque nous avons démonté mon ascenseur, nous n'avions malheureusement pas de scie à métaux. Mais pour cela, j'ai mon assurance responsabilité civile, la Bâloise.» A la demande de Siegmar Burkia, la Bâloise répond qu'aucun dommage n'est pris en charge. Elle écrit: «Les modifications apportées sciemment et les dommages survenus progressivement ne sont pas assurés.»
Le service social «ne doit» pas intervenir
Selon Daniel Frei, directeur du service social de Niederbipp (BE), il n'existe aucune base légale pour intervenir dans un tel cas. «Un service social n'a pas le droit de prendre en charge, avec l'argent des contribuables, des dommages matériels causés par des particuliers.» Il y aurait également des exigences élevées pour les sanctions relevant du droit de l'aide sociale. «Nous ne pouvons pas punir les dommages matériels.» En revanche, si une personne reçoit des prestations complémentaires, des sanctions ne seraient absolument pas possibles.
Pour Siegmar Burkia, il ne reste que le recours au tribunal. Mais son assurance de protection juridique le lui a déconseillé. Comme Verena vit de prestations complémentaires, il n'y a «rien à obtenir» d'elle. Il est d'autant plus en colère. «Elle détruit un appartement après l'autre. Et les autorités ne se contentent pas de la laisser faire, elles financent le tout!»
«Plus jamais je ne laisserai quelqu'un qui reçoit des prestations complémentaires emménager chez moi», s'énerve-t-il. Il n'est pas le seul dans ce cas, Edmund s'accorde dans ce sens. «Aucune garantie de loyer n'est assez élevée pour cela.»
* Nom modifié mais connu de la rédaction