Niklaus Iten est énervé. Des piétons traversent sans retenue sa rue privée. En été, il n'est pas rare que des noctambules laissent un dépotoir devant son bureau. Devant son garage automobile à Therwil (BL), l'homme de 79 ans constate que des camions circulent sans gêne.
«Ils encombrent ma route, qui n'a tout simplement pas été aménagée pour des véhicules aussi lourds», explique Niklaus Iten à Blick. Et qui paie l'entretien? Moi!» Le retraité possédait autrefois de très nombreux terrains à Therwil, mais il en a vendu une grande partie il y a quelques années.
Aujourd'hui, on y trouve un restaurant McDonald's et une filiale Aldi. La voie d'accès au fast-food passe par les terrains restants de Niklaus Iten. Et comme le hall de livraison d'Aldi a été construit sur l'arrière du bâtiment, les fournisseurs doivent manœuvrer sur sa parcelle.
Celui qui n'est pas fournisseur est amendé
Mais il n'y a pas que les camions d'Aldi et de McDonald's qui tournent devant le garage du retraité. Les poids-lourds d'élimination des déchets, les véhicules de chantier ou les chauffeurs routiers qui veulent faire une pause fréquentent bien souvent sa rue. En 2016, l'homme a donc obtenu une interdiction judiciaire pour les véhicules de plus de 3,5 tonnes, à l'exception des livreurs. Celles et ceux qui ne font pas partie de cette catégorie sont photographiés et verbalisés par Niklaus Iten lui-même. Il a déjà rempli un classeur entier de photos de camions qui, selon lui, ont utilisé sa route sans autorisation.
En octobre 2021, le panneau d'interdiction de stationnement et de circulation des camions s'est soudainement retrouvé par terre. Deux jours plus tard, il avait complètement disparu. «Je me suis alors dit que j'allais remettre en place une vieille borne qui se trouvait déjà à cet endroit et que j'allais refaire la signalisation de ma rue», raconte le garagiste retraité. En outre, j'ai fait installer une interdiction aux piétons et une interdiction de tourner à gauche.»
Une ordonnance pénale et une amende de 1000 francs
Seulement voilà: cette initiative est illégale. Niklaus Iten a dû se rendre au poste de police. «Je ne savais tout simplement pas que je n'avais pas le droit de poser de nouveaux panneaux, explique-t-il. L'entreprise qui les fournit n'a pas non plus éclairé ma lanterne.»
Il a donc reçu une ordonnance pénale et aurait dû payer une amende de 1000 francs. Mais l'homme n'a pas daigné l'accepter. Son cas sera donc bientôt jugé par le tribunal pénal de Bâle-Campagne. «J'ai dirigé une grande entreprise pendant des années, j'ai toujours été un homme droit. Et maintenant, je dois comparaître devant un tribunal pour cette connerie», s'indigne Niklaus Iten.
Au fond, ce n'est même pas la procédure pénale qui l'inquiète. «En fait, ce qui m'énerve le plus, c'est que mon terrain est beaucoup trop sollicité par les propriétaires d'à côté. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on veut me chasser d'ici. Je devrais simplement vendre le reste de mes terres sans rien dire de plus.»
«Il est dans son tort»
Blick s'est entretenu avec les propriétaires fonciers qui possèdent désormais le terrain où se trouve le magasin Aldi. Un membre du Conseil d'administration déclare: «Nous ne voyons pas dans quelle mesure l'exercice du droit de passage cause un préjudice à Monsieur Iten.» Une chose est sûre: le retraité a mis à l'amende des chauffeurs de camion qui circulaient légitimement sur sa route privée. «Le Ministère public a classé chacune des amendes. Monsieur Iten est dans son tort. Mais pour les chauffeurs, c'est tout de même embêtant», poursuit le membre du Conseil. Des discussions ont été menées pour trouver une solution lors d'un déjeuner. Sans résultat.
Le juge devra décider ce 16 décembre si Niklaus Iten sera dispensé ou non de l'amende pour avoir posé ses panneaux. «J'espère une issue favorable, déclare l'intéressé. Car si je reçois une inscription au casier judiciaire, je ne pourrai plus renouveler mon permis de chasse.»