Christophe Moser, 55 ans, a-t-il un ange gardien? Le Lausannois peut légitimement le croire, puisqu'il a survécu jeudi dernier à une agression brutale au cours de laquelle il a reçu une balle dans la tête.
Une semaine après les faits, l'homme – qui est enseignant à l'EPFL – se rétablit à un rythme impressionnant. Et il a même accepté de livrer son témoignage au journal «24 heures». «Je vais beaucoup mieux merci. J’ai déjà reçu de nombreux messages de sympathie de mes amis et de mes collègues de l’EPFL. Je tiens à tous les remercier vivement», déclare le professeur en préambule de l'entretien.
Christophe Moser passait son ultime jour de vacances Salvador de Bahia avec sa femme et ses trois enfants. «Le lendemain, je devais m’envoler pour Boston afin d’y donner une conférence.» Mais alors qu'il sortait d'un restaurant, le couple a été attaqué.
«Nous nous trouvions dans le quartier de Stella Maris, qui n’est pas un mauvais quartier, vraiment. Notre voiture n’était pas luxueuse, mais juste une voiture de location, commune. Je ne portais pas non plus de montre à mon poignet. Il n’y avait rien à voler.», raconte l'universitaire, qui ne s'explique pas pourquoi les criminels les ont justement pris pour cible. «Ce qui s’est passé est incompréhensible. Il n’y avait aucune raison de s’en prendre à nous», martèle Christophe Moser.
La balle a ricoché à l'intérieur
Son récit est impressionnant de précision. «Une voiture a stoppé net devant la nôtre. C’était un guet-apens. Un homme en est sorti. Il a tiré sur nous à quatre reprises.» Les enfants n'étaient pas dans la voiture lorsque les coups de feu ont retenti, et ils ont donc été épargnés.
Sa femme aussi s'en est sortie indemne. Lui en revanche a été grièvement blessé: une balle lui a en effet touché la tête qu'il essayait de faire marche arrière pour échapper aux tirs. La voiture a alors heurté un mur. «Ce qui m’a sauvé, c’est que la balle a ricoché à l’intérieur de l’habitacle. Elle a ainsi perdu un peu de vitesse avant d’atteindre l’arrière de mon crâne, là où l’os est plus dur. Si elle m’avait touché directement, je ne serais plus là pour vous le raconter», raconte l'expert en microtechnique.
Il a alors perdu connaissance, le tout devant sa femme, qui a cru le voir mourir. Lorsque les voleurs ont pris la fuite, des personnes du restaurant ont immédiatement accouru et lui ont prodigué les premiers soins. Une aide, dont le professeur se dit aujourd'hui profondément reconnaissant.
L'agresseur a été abattu
Christophe Moser soit désormais prendre son mal en patience. Sa convalescence à l'hôpital de Salvador de Bahia durera encore près de trois semaines, après quoi seulement, il pourra rentrer en Suisse. Il l'assure, son agression n'a pas changé son regard sur le Brésil: «Je ne souhaite pas faire de mon agression quelque chose de dramatique et de sensationnel. Le Brésil est un pays que j’adore. Cela ne va pas changer», martèle-t-il. «J'aime la ville de Salvador de Bahia. C'est un endroit culturellement incroyable», s'enthousiasme-t-il, en ajoutant qu'il y passe ses vacances depuis dix ans déjà.
Sa femme a également accordé une interview à la chaîne de télévision locale. «J'ai honte qu'il se soit fait tirer dessus dans ma ville natale que j'aime tant», a-t-elle notamment déclaré. Quant à l'agresseur de P., il avait déjà attaqué une pharmacie plus tôt dans la journée. Vendredi dernier, la police a fini par localiser l'homme, qui a été abattu pendant son arrestation. Les enquêteurs avaient retrouvé sa trace grâce à une vidéo-surveillance. «Ce qui lui est arrivé m'est égal», se contente de déclarer Christophe Moser à son égard.