La révolution solaire dans les alpes valaisannes va-t-elle s’arrêter net avant même d’avoir réellement commencé? Pourtant, le conseiller aux Etats valaisan Beat Rieder, fer de lance de cette orientation, avait mis les chances de son côté, en faisant promptement passer une loi au Parlement. Si cela ne tenait qu’à lui, les grandes installations solaires dans les montagnes devraient être construites sans complications grâce à de généreuses subventions. Mais le temps presse: les installations doivent être au moins partiellement installées d’ici fin 2025, sinon l’argent ne suffira pas.
Le canton du Valais souhaiterait aussi accélérer le mouvement. En effet, des projets prometteurs sont prêts à Grengiols et Gondo, deux communes valaisannes. C’est pourquoi le canton compte raccourcir la délai nécessaire à l’octroi des autorisations, grâce à un décret sur l’énergie solaire. Désormais, un seul recours serait encore possible. Et même si celui-ci était déposé, le projet pourrait tout de même se poursuivre jusqu’à ce qu’une décision définitive soit prise. Mais c’était sans compter l’opposition.
Vite fait, mal fait?
Dimanche, les habitants du canton voteront sur le fameux décret solaire. La raison: la coprésidente des Vert-e-s valaisans, Brigitte Wolf, a lancé le référendum avec des associations de protection de l’environnement. Le Parti socialiste (PS) et l’Union démocratique du centre (UDC) du Bas-Valais le soutiennent également. «La loi a été votée par le Grand Conseil, sans tenir compte de la nature et du paysage», assène Brigitte Wolf, interrogée par Blick. Ce qui l’agace le plus, c’est l’absence de critères concrets: «On veut construire ce qui est le plus rapide, pas ce qui est le plus judicieux pour l’environnement et le porte-monnaie.»
De fait, la loi cantonale ne contient pas de critères concrets quant aux installations solaires alpines. C’était ce qu’avaient convenu le conseiller aux États du Centre, Beat Rieder, et ses collègues politiciens afin de produire le plus rapidement possible de l’énergie grâce à ces installations solaires. «Ce sont les cantons qui délivrent les autorisations, rétorque Brigitte Wolf. Et ils doivent aussi pouvoir dire non si un projet est mauvais.»
Des retards en perspective
Un non ce dimanche serait un «autogoal phénoménal», se désole Beat Rieder. L’énergie solaire a un potentiel incroyable: «Le peuple doit trancher: veut-il de l’énergie renouvelable suisse, notamment valaisanne? Ou veut-il de l’électricité issue de centrales nucléaires françaises?»
Il accuse les organisations environnementales – «comme pour la loi sur la chasse» – de mener une campagne de désinformation: «Les associations nationales investissent dans des campagnes très coûteuses en Valais, mais cachent le vrai problème! Avec les conséquences que cela implique…»
La Suisse a besoin de davantage d’énergie. Pour cela, il faut que de l’électricité solaire soit produite dans les Alpes, estime Beat Rieder. «L’alternative serait les centrales nucléaires, mais personne n’en veut non plus.»
Des critères plus stricts
Si les opposants obtiennent gain de cause en Valais, les demandes de permis de construire existantes seront maintenues. Mais davantage d’oppositions seraient possibles. Et les grands projets solaires à Grengiols ou Gondo pourraient être retardés. Il est en effet probable que les défenseurs de l'environnement s’y opposent. A Grengiols, le projet est déjà devenu nettement plus petit que ce qui était initialement prévu.
Brigitte Wolf espère que le référendum aura un impact au-delà du canton du Valais: «La loi nationale est inadéquate.» Elle est convaincue que le Parlement à Berne apportera des améliorations. «Il faudra alors prévoir des critères pour que les projets les plus écologiques et les plus économiques soient sélectionnés.»
Berne et les Grisons ont une autre stratégie
Dès l’année dernière, une véritable ruée vers les installations solaires alpines a eu lieu dans toute la Suisse. Des projets sont notamment en cours dans le canton de Berne et des Grisons.
Les deux cantons ont toutefois choisi une voie différente pour la mise en œuvre de cette offensive solaire, explique Jürg Rohrer, professeur d’énergie renouvelable à l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et lui-même impliqué dans des projets liés à la production d'énergie. «A Berne, le canton a cherché des sites de sa propre initiative et est allé voir les fournisseurs d’électricité. Dans les Grisons, le canton apporte son soutien en amont.»
Il n’est pas encore certain que ces stratégies conduisent à une meilleure acceptation de la part de la population. «Les oppositions sont principalement dues à l’étude d’impact sur l’environnement.» Jürg Rohrer pense que certains projets pourront fournir une première partie d’électricité d’ici 2025. «En revanche, je ne crois pas que les capacités d’extension permise par le législateur seront entièrement exploitées.»