Si cela ne tenait qu'à l'entreprise d'armement Ruag, ce lundi noir n'aurait jamais existé. Le 4 avril 2022, une violente explosion s'est produite à Schattdorf (UR) peu après 8h30. La pièce était couverte de sang. Selon la police cantonale uranaise, il y a eu deux blessés graves et plusieurs blessés légers. Un hélicoptère a même dû transporter un employé à l'hôpital.
Depuis, c'est le grand silence. Ni le site web ni le rapport annuel ne mentionnent l'accident de travail. Il s'agit pourtant d'une violente explosion... déclenchée par un obus de mortier: un lance-mine de 8,1 centimètres avec une quantité nette de matière explosive de près de 500 grammes. «Les deux employés de Ruag ont eu de la chance. Ils auraient pu être morts», déclare un initié à Blick.
D'autres scandales de Ruag
Le Ministère public de la Confédération enquête
Pendant la guerre froide, les lance-mines étaient une arme très demandée. Entre 1956 et 1980, l'armée suisse a commandé des dizaines de lance-mines de 8,1 centimètres. Ensuite, ce matériel hautement explosif a été progressivement retiré du service. Ruag a été chargée de démanteler les grenades – c'est le nom donné dans le jargon technique au processus de démontage des munitions réelles en pièces détachées.
L'incident d'avril 2022 préoccupe le Ministère public de la Confédération (MPC). «Le MPC mène une enquête pénale contre inconnu pour mise en danger par des explosifs et des gaz toxiques sans intention criminelle et pour lésions corporelles graves par négligence, communique l'autorité. L'enquête pénale en question étant encore en cours, nous ne pouvons pas donner d'autres informations pour le moment.»
Les collaborateurs de Ruag ont repris le travail
Le groupe Ruag nous donne des nouvelles de ses employés. «Les deux collaborateurs sont rétablis et continuent à travailler dans leurs fonctions habituelles. Aucune indemnité n'a été versée pour l'incident et les blessures.» Le Département des ressources humaines ainsi qu'une équipe de soins externe ont largement encadré les familles concernées.
Après l'accident, Ruag a vérifié les processus. «La protection du travail était conforme aux instructions de travail en vigueur et au déroulement des processus», souligne-t-elle. Le groupe «a rempli à tout moment ses obligations d'employeur». Aucun reproche ne peut être fait aux collaborateurs blessés. «Tant les instructions que les processus et les consignes de sécurité ont été respectés.»
«Un certain risque résiduel»
Mais alors, comment la grenade a-t-elle pu exploser? «Depuis 1995, plus d'un million d'obus lance-mines de ce type ont été démontés. Mais la manipulation de munitions et d'explosifs comporte toujours un certain risque résiduel. Il n'existe malheureusement pas de sécurité à 100%», fait savoir Ruag.
On ne sait pas pourquoi le chef d'exploitation de Schattdorf a démissionné. Ruag refuse toute relation avec l'accident. «Nous pouvons confirmer que le directeur du site quittera l'entreprise en bonne et due forme. Cela n'a aucun rapport avec l'événement.»
Ruag, dans la tourmente, ne se repose pas. Le nouveau président du conseil d'administration hérite d'un groupe avec de nombreux chantiers. L'ancien CEO de Ruag Peter Bodmer et le manager d'armement Theo Staub font partie des favoris pour la succession. Le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) laisse encore planer le doute: «Le Conseil fédéral décidera et communiquera la succession de Nicolas Perrin en temps voulu.»