La série de dysfonctionnements chez Ruag s'est enrichie d'un nouvel épisode. L'entreprise d'armement est chargée d'entretenir 30 avions F/A-18 pour la Confédération. Mais l'entreprise en main publique est manifestement dépassée par les événements.
Le programme de rénovation structurelle ne sera intégralement effectué que sur 15 des 30 jets au total. «Les travaux de haut niveau technique sur la structure des avions et les livraisons de matériel de remplacement ont duré plus longtemps qu’initialement prévu», a fait savoir l'Office fédéral de l’armement Armasuisse. Et Ruag d'ajouter: «Les travaux techniques sont plus complexes que supposé et, en raison du vieillissement des avions, la maintenance s’accroît en parallèle.»
La Confédération n'est pas satisfaite de Ruag
Qu'adviendra-t-il des 15 avions qui ne seront pas entièrement révisés? «Des parties du programme de rénovation structurelle seront remplacées par des inspections supplémentaires lors de la future maintenance périodique. Les 30 avions pourront continuer à être utilisés pour toutes les missions», précise Armasuisse.
Le Conseil fédéral n'est pas satisfait de Ruag, qui fait régulièrement les gros titres pour des mauvaises raisons: «Le résultat financier s'est amélioré par rapport à l'année précédente, mais reste toujours en deçà des attentes du propriétaire», indique-t-on au Département fédéral de la défense (DDPS). Bien que l'industrie de l'armement soit en plein essor suite à la guerre en Ukraine, le bénéfice net de Ruag a diminué. Il s'est établi à 20 millions de francs, soit moins que les 27 millions de l'année précédente.
Ruag ne fait d'ailleurs pas ses meilleures affaires avec son cœur de métier, mais avec des projets immobiliers. Alors que les biens immobiliers ont conduit à de bons résultats, les affaires opérationnelles avec des clients tiers «ne correspondent pas aux attentes du propriétaire», selon le DDPS.
Mettre fin aux «anciennes affaires non rentables»
Le Conseil fédéral exige que Ruag se concentre sur son activité principale. Il faut mettre fin aux «anciennes affaires non rentables».
Le président du conseil d'administration de Ruag, Nicolas Perrin, avait déjà annoncé que son poste était à repourvoir. En raison de différents scandales, il était devenu un poids de plus en plus lourd pour la cheffe du DDPS Viola Amherd. Le fait que Nicolas Perrin soit le beau-frère de la collaboratrice personnelle de Viola Amherd, Brigitte Hauser-Süess, a également fait jaser dans la Berne fédérale.
La succession de Nicolas Perrin a été mise au concours cette semaine. Deux détails irritent les initiés de Ruag: il n'est pas attendu des candidats à la direction qu'ils ne maîtrisent l'anglais – ou qu'ils ne connaissent l'armée suisse.