Viola Amherd sous le feu des critiques
Le fiasco des chars Leopard éclabousse la présidente

Le rapport d'enquête de la Comission des finances jette une lumière crue sur l'échec de l'accord sur les chars du groupe d'armement Ruag. La ministre de la Défense Viola Amherd, en charge de ces dossiers, est sous le feu des critiques après cette nouvelle débâcle.
Publié: 22.02.2024 à 12:01 heures
|
Dernière mise à jour: 22.02.2024 à 13:37 heures
1/6
Ruag voualit vendre ses 96 chars Leopard 1, mais la transaction a laissé place à une débâcle.
Photo: RSI
RMS_Portrait_AUTOR_398.JPG
Daniel Ballmer

«Choquant!» «Stupéfiant!» La consternation règne au Parlement. Les mots sont durs. Le rapport de la Commission fédérale des finances (CFD) a donné une bien mauvaise image du groupe d'armement Ruag, propriété de la Confédération. Mais c'est maintenant au tour de la ministre de la Défense Viola Amherd d'être mise sous pression. Des reproches émanant du Parlement accusent la présidente de la Confédération d'avoir assisté à la débâcle sans bouger le petit doigt.

Ruag voulait vendre à l'entreprise Rheinmetall 96 chars Leopard 1 stockés en Italie pour les transmettre à l'Ukraine, ce qui a donné lieu à diverses irrégularités. Le DDPS a immédiatement pointé Ruag du doigt: en tant que propriétaire, la Confédération attend que «les défauts manifestes dans l'organisation, les processus et les activités commerciales soient immédiatement corrigés». Le président du conseil d'administration Nicolas Perrin a déjà quitté son poste.

Le DDPS aurait pu stopper l'affaire

Mais des erreurs ont également été commises au DDPS. Le rapport de la CFD montre ainsi que le département d'Amherd était au courant de la délicate affaire des chars en janvier 2023: tard, mais pas trop tard. «En cas de doutes, l'affaire aurait pu être stoppée à tout moment avant la signature du contrat», écrivent les auditeurs.

Cela suscite des critiques de la part du Parlement. «Amherd a manifestement complètement sous-estimé le caractère explosif malgré la guerre en Ukraine», déclare le conseiller national UDC Mauro Tuena. Selon lui, il était clair que le deal n'était pas compatible avec la neutralité de la Suisse sur la scène internationale. «La conseillère fédérale Viola Amherd aurait dû sonner l'alarme», estime également la socialiste Franziska Roth. D'autres reprochent à la politicienne du Centre de ne pas faire preuve de suffisamment de leadership.

Interrogé sur la question de savoir pourquoi Viola Amherd et son département ne sont pas intervenus, le DDPS n'entre pas dans les détails. Il indique seulement qu'une évaluation informelle et positive du Seco avait été faite. Toutefois, le fait que l'accord sur les chars n'avait aucune chance d'aboutir était déjà prévisible à l'époque.

«Viola Amherd aurait dû intervenir»

Viola Amherd doit impérativement reprendre les rênes. «En tant que propriétaire, la Confédération n'a pas assez regardé de près ce qui se passait chez Ruag. Elle aurait dû tendre l'oreille et intervenir bien plus tôt», a déclaré Thomas Hurter, membre de l'UDC chargé de la politique de sécurité. Toujours est-il que la présidente a également engagé les personnes responsables de la débâcle, souligne son collègue de parti Werner Salzmann. «Elle porte donc aussi une responsabilité politique».

La démission de Nicolas Perrin doit marquer un nouveau départ chez Ruag. En août dernier, la CEO Brigitte Beck avait déjà quitté son poste après des déclarations controversées sur les livraisons d'armes à l'Ukraine. Son successeur Ralph Müller prendra ses fonctions en mars.

La politique du personnel de Viola Amherd est remise en question

Mais la méfiance s'est déjà installée alors même qu'il n'est pas encore en poste. Les prédécesseurs Beck et Perrin n'avaient aucune expérience de l'industrie de l'armement ni des processus politiques. «Les choses ne se sont pas bien passées», estime le conseiller national UDC Mauro Tuena. Pour son successeur, Ralph Müller, la situation n'est pas si différente. «On ne peut pas déduire les qualifications nécessaires sur la base du curriculum vitae», déclare également le conseiller aux Etats Werner Salzmann. Le monde politique devra attendre et voir les résultats du nouveau CEO.

Entre-temps, la politique du personnel de Viola Amherd est fondamentalement remise en question au Parlement. Le fait que le président sortant du conseil d'administration Nicolas Perrin soit le beau-frère de la conseillère la plus proche d'Amherd est jugé inacceptable. Mais les problèmes sont également évidents dans d'autres domaines, car des cadres quittent régulièrement leur poste. De quoi donner une image de plus en plus douteuse du département de la présidente de la Confédération.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la