Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'image suisse en a pris un coup. La raison: le Conseil fédéral refuse de transmettre des armes suisses. Berne a dit non à l'Allemagne, le Danemark et l'Espagne.
Mais récemment, le gouvernement a fait volte-face: Il donne son feu vert à la vente de 25 chars de combat Leopard 2 déclassés à Berlin. Les pays de l'OTAN qui avaient livré des chars à l'Ukraine pourraient ainsi combler leurs lacunes. La pression est désormais si forte que, selon les recherches de Blick, seul le conseiller fédéral UDC Albert Rösti s'est opposé à cette décision.
Une majorité claire se dessine
Mais l'affaire n'est pas encore conclue. Pour pouvoir vendre les chars à Berlin, le Parlement doit d'abord les mettre officiellement hors service. Et c'est justement cet obstacle qui pourrait faire échouer la transaction, craignent beaucoup de monde. Jusqu'à présent, toutes les tentatives de permettre des livraisons indirectes d'armes ont été rejetées par le Parlement.
Le Conseil des Etats est particulièrement inquiet. En effet, sa commission consultative s'est clairement prononcée contre la mise hors service et la vente des chars. Plusieurs conseillers aux Etats sont d'avis que la Suisse a elle-même besoin de ces chars. De plus, un tel accord violerait la neutralité.
Mais ces craintes des partisans sont infondées. Les recherches de Blick montrent que le projet a de bonnes chances de passer au Parlement. Lorsque le Conseil national se prononcera en premier, au milieu du mois, sur le message sur l'armée 2023 et donc aussi sur l'accord sur les chars, il devrait en ressortir une nette majorité, comme le signalent les groupes parlementaires.
L'UDC est sur la touche
Au sein des 200 membres du Conseil national, seuls les 55 membres de l'UDC s'opposent au deal. Pour eux, la livraison de chars est un échange circulaire qui porte atteinte à la neutralité de la Suisse. Le PLR, le centre, le PVL et le PS sont en revanche clairement favorables. «Je ne connais personne chez nous qui soit contre», déclare par exemple le président du Centre, Gerhard Pfister. Chez les 16 Vert'libéraux, la position est également claire. «Il n'y a qu'une seule voix contre chez nous», déclare la chef du groupe GLP Tiana Moser.
Il en va de même pour les Vert-e-s qui, jusqu'à présent, votaient contre les solutions de livraison d'armes pour des raisons pacifistes. Ils ne s'opposent pas à l'accord sur les chars: «Bien sûr, nous ne nous opposons pas à la mise hors service des chars. Mais il doit être clair qu'ils n'atterrissent pas dans une zone de guerre», déclare la cheffe du groupe parlementaire des Verts Aline Trede.
Même au sein du Conseil des Etats, qui compte 46 membres, les huit UDC sont en position perdante. D'autres sceptiques issus des rangs du PLR et du Centre doivent si possible encore être remis sur les rails avant que la Chambre basse ne se penche sur l'affaire, probablement en automne.
«Pour beaucoup, c'est le strict minimum!»
Le chef du Centre Gerhard Pfister estime que les chances de succès auprès de ses propres conseillers aux Etats sont bonnes, puisqu'il s'agit d'une affaire de la conseillère fédérale du Centre Viola Amherd. Le seuil d'inhibition de certains devrait de toute façon être plus élevé pour s'opposer.
«Il s'agit d'une situation gagnant-gagnant: sur les 96 chars aujourd'hui déclassés, 25 seraient vendus. En revanche, 71 d'entre eux seraient retapés et remis en état de marche. Ainsi, les troupes mécanisées pourront enfin être à nouveau entièrement équipées», fait valoir le président du PLR Thierry Burkart. «En outre, il faut maintenant envoyer un signal à nos partenaires internationaux».
Le PS est également favorable à l'accord sur les chars, assure le chef de groupe Roger Nordmann. C'est également assez clair au Conseil des Etats. «Le projet passera», dit-il avec conviction. «Pour beaucoup d'entre nous, c'est le strict minimum!»