La Suisse est de plus en plus sous pression. À l’étranger, on ne comprend pas que le Conseil fédéral interdise à d’autres États de transmettre du matériel de guerre pour des raisons de neutralité. Ainsi, le Danemark n’a pas le droit de céder des chars de grenadiers à roues Piranha suisses à l’Ukraine, l’Allemagne n’a pas le droit de céder des munitions pour les chars Guépard et l’Espagne n’a pas le droit de céder des canons antiaériens.
Récemment, Berlin a en outre demandé à la Suisse de lui vendre des chars de combat Leopard 2 mis au rebut. Ils doivent remplacer les chars que l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne (UE) ont livrés à l’Ukraine. La ministre de la Défense, Viola Amherd, se montre d’ailleurs ouverte à cette transaction… qui ne pourra se produire que si le Parlement accepte le marché.
«Cela nous mettrait dans le pétrin»
Le Conseil des États a posé les premiers jalons lundi. Et une courte majorité veut s’en tenir à la neutralité suisse. Les armes de notre pays ne devraient ainsi toujours pas être livrées aux belligérants – même indirectement.
La décision était sur le fil du rasoir. Par 23 voix contre 18 et deux abstentions, la Chambre basse s’est prononcée contre une motion du président du PLR Thierry Burkart. Celle-ci voulait à nouveau assouplir la loi sur le matériel de guerre, récemment durcie. L’interdiction de réexportation aurait ainsi été levée pour les pays de même valeur.
«Cela nous mettrait dans le pétrin», a averti par exemple le conseiller aux États du centre Peter Hegglin. Les armes suisses ne mettraient pas fin plus rapidement à la guerre, s’est-il montré convaincu – au contraire: «Elles entraîneraient encore plus de morts.»
Le Centre est divisé
D’un côté, l’UDC était clairement opposée à l’assouplissement des règles d’exportation en raison de la neutralité. De l’autre, le PS et les Vert-e-s pour des raisons pacifistes. Le PLR, en revanche, s’est rangé derrière son président.
Le parti du Centre s’est montré divisé: la conseillère aux États Heidi Z’graggen s’est ainsi opposée à toute violation de la neutralité: «Sommes-nous pour autant moralement indifférents? Bien sûr que non!» Mais la Suisse ne doit en aucun cas être impliquée dans une guerre.
Son collègue de parti Benedikt Würth a quant à lui parlé d’un changement d’époque. En raison de la nouvelle situation de départ, le sujet doit être abordé différemment – dans l’intérêt du pays.
Mais comme le ministre de l’Économie UDC Guy Parmelin, la majorité du Conseil ne voulait rien savoir.
Les représentants de tous les partis ont également interpellé le Conseil fédéral. Le gouvernement national doit de toute urgence faire preuve de plus de leadership dans une situation aussi difficile. Les partisans d’un assouplissement des règles d’exportation ont ainsi critiqué le fait que le Conseil fédéral se cache derrière la question de la neutralité… sans agir.
Mais les critiques sont aussi venues de ceux qui accordent plus d’importance à la neutralité. Pour eux aussi, le Conseil fédéral est trop passif. Il faudrait une condamnation plus claire de cette guerre contraire au droit international et une aide humanitaire nettement plus importante que celle offerte jusqu’à présent.