Le Conseil fédéral donne son feu vert à la livraison de 25 chars Leopard-2 à l'Allemagne – un revirement de situation. La pression publique en Suisse et à l'étranger, ainsi que celle de l'industrie suisse de l'armement, ont été telles que le gouvernement national a décidé de changer de cap, presque à l'unanimité.
Jusqu'à présent, sa position avait toujours été que la Suisse ne pouvait pas, pour des raisons de neutralité, autoriser la transmission à l'Ukraine de biens d'armement fabriqués dans notre pays, ni permettre ce que l'on appelle un échange circulaire. Entendez: que la Suisse livre par exemple des munitions à la France et que notre voisin occidental transmette des munitions de son stock à l'Ukraine. Pour rester neutre, la Suisse doit faire les mêmes concessions à la Russie, a-t-on toujours dit jusqu'à présent.
A lire aussi
Alain Berset conteste tout changement de paradigme
Mais soudain, tout a changé. Selon plusieurs sources, seul le conseiller fédéral UDC Albert Rösti avait fait part, par co-rapport, de ses réserves quant à la restitution de 25 chars déclassés de l'armée suisse au fabricant allemand Rheinmetall. Même son collègue de parti Guy Parmelin aurait cédé, car avec la Confédération, c'est aussi l'industrie suisse de l'armement qui est sous pression.
Le président de la Confédération, Alain Berset, n'a toutefois pas voulu entendre parler d'un changement de paradigme devant les médias mercredi: «La règle reste la même: garder son calme et garder la ligne.»
Auparavant, la commission de sécurité du Conseil national s'était déjà prononcée en faveur de la mise hors service de 25 chars Leopard-2. C'était donc au Conseil national tout entier de décider, en tant que première chambre du Parlement, de la revente à l'Allemagne lors de la session d'été, qui démarre la semaine prochaine.
Avec le feu vert du Parlement, le Département de l'économie (DEFR) de Guy Parmelin devra examiner la demande d'exportation et faire une recommandation à l'ensemble du Conseil fédéral. Étant donné que, selon les informations de Blick, le conseiller fédéral UDC n'a pas non plus émis d'objection à la restitution, il ne devrait plus s'agir que d'une formalité pour que le DEFR recommande au gouvernement national de tenir ce nouveau cap.
L'armée estime que ses propres besoins sont assurés
Comme la partie allemande l'a assuré à notre gouvernement, les chars Leopard venus de Suisse ne seront pas remis à l'Ukraine. Ils sont destinés à combler les lacunes créées en Allemagne et dans d'autres pays européens par les livraisons de chars à l'Ukraine.
En attendant, l'armée suisse conserve encore 71 chars remisés en Suisse orientale, de sorte qu'ici aussi, malgré la revente, aucune lacune n'apparaît. Une estimation qui, contrairement à ce qu'en dit la direction de l'armée, est vivement contestée par les officiers des chars.
Toujours contesté au Parlement
Alors que le parti du Centre de la ministre de la Défense, Viola Amherd, salue la décision du gouvernement national, celle-ci n'est pas bien accueillie par l'UDC. «Le Conseil fédéral affaiblit la capacité de défense de la Suisse et sape la neutralité de notre pays», écrit le parti. Il annonce une résistance au Parlement. À lui seul, le parti n'a toutefois pas la force d'empêcher la revente de ces engins à l'Allemagne.
Du côté des libéraux-radicaux, la décision est également controversée. La proposition de mettre les chars Leopard-2 hors service émanait de la politicienne PLR Maja Riniker. «La décision prise aujourd'hui par le Conseil fédéral est un signe juste et important», a écrit la conseillère nationale sur Twitter. Son collègue de groupe Josef Dittli exige en revanche d'abord un concept de défense global. Tant que le Parlement ne dispose pas d'un tel concept, «il n'y a rien à vendre», explique le conseiller aux États uranais sur Twitter.
Une bonne nouvelle en Allemagne
En Allemagne, la décision du Conseil fédéral a été accueillie positivement. «C'est une nouvelle très réjouissante. La Suisse est neutre vis-à-vis des alliances, mais elle n'en est pas moins membre associé de l'assemblée parlementaire de l'OTAN», a déclaré Marie-Agnes Strack-Zimmermann.
Cette politicienne allemande est membre du comité directeur du groupe parlementaire du FDP au Bundestag et préside la commission de la défense. C'est donc un signal important en direction de l'OTAN que d'être prêt à assumer une toute petite part de responsabilité face à l'agression de la Russie envers l'Ukraine.