Le 21e siècle doit faire face à de nombreuses menaces, à commencer par la Russie, indiquait Blick dans un récent article. Une armée moderne et bien équipée est essentielle pour faire face aux tensions actuelles et à d'éventuelles guerres, soulignait récemment le parti du Centre dans un communiqué.
Mais aujourd'hui, la Suisse est loin d'être prête à se défendre. L'armée nationale souffre d'un trou financier majeur dans ses comptes. Les investissements urgents sont en attente, et des manifestations mythiques annulées. Le chef de l'armée Thomas Süssli a tiré la sonnette d'alarme, évoquant même la fin de l'armée suisse.
Le Centre pourrait bien sauver l'institution en déficit de la catastrophe. Le parti a récemment rappelé que le budget de l'armée avait déjà été augmenté pour 2024, grâce à son aide précieuse. Et le parti compte bien continuer à soutenir sa conseillère fédérale Viola Amherd.
«C'est la guerre en Europe»
En 2022, le Parlement avait déjà décidé d'augmenter les dépenses de l'armée de 1% du produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2030. C'était avant que le Conseil fédéral décide, en décembre dernier, d'étendre cette augmentation du budget jusqu'en 2035, et de ralentir la croissance des dépenses dans les années à venir.
Le Centre avait alors laissé Viola Amherd en plan. L'armée suisse s'est vue privée de milliards de francs et s'est vite retrouvée dans le pétrin.
Mais peu de temps après, tout a changé. Alors que le PLR et l'UDC se sont toujours positionné en faveur d'une augmentation des fonds de l'armée, le Centre a à nouveau changé de bord, effrayé par les appels à l'aide de l'armée. «Le Parlement a pris sa décision à l'époque en ignorant tous les faits», a déclaré le conseiller national centriste Reto Nause. «Nous ne pouvons pas nous permettre de reporter ou de supprimer des investissements dans l'armée. C'est la guerre en Europe.»
«Le Parlement doit revenir sur sa décision»
De son côté, la conseillère nationale du Centre Elisabeth Schneider-Schneiter regrette de n'avoir pas soutenu l'armée suisse à l'époque. «Aujourd'hui, je voterais différemment. Pour moi, le Parlement doit revenir sur cette décision», a-t-elle déclaré à la «NZZ».
La conseillère aux Etats Marianne Binder se demande, elle aussi, si le Parlement ne devrait pas revoir son enveloppe avant l'examen du budget en décembre. L'armée a besoin de plus de moyens pour pouvoir garantir la sécurité dans le pays, et ce, de manière urgente.
Si le Centre venait à changer d'avis, les choses s'annoncent bien pour Thomas Süssli. Comme souvent, le parti indécis joue le rôle de la balance au Parlement. Le conseiller aux Etats UDC Werner Salzmann envisage d'ailleurs de revenir à la charge au sein de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats. Selon lui, c'est au Parlement d'agir.
Le frein à l'endettement est déjà remis en question
Le conseiller national centriste Martin Candinas se montre plus réservé. «Nous allons certainement vérifier si nous devons accorder plus d'argent à l'armée en décembre», dit-il. Mais cela dépendrait aussi de la situation globale des finances publiques. «Les transports publics ne renoncent pas volontairement à l'argent, pas plus que la formation ou l'agriculture.»
En raison de la situation actuelle en matière de sécurité, il faudrait également discuter de l'opportunité d'octroyer des contributions en dehors du frein à l'endettement. La conseillère aux Etats du Centre Andrea Gmür, présidente de la commission de sécurité, se positionne clairement dans les colonnes de la «NZZ»: «C'est un changement d'époque et nous ne pouvons pas continuer à négliger la sécurité.»
«Il faudrait à nouveau adapter le plan financier ou voter des crédits supplémentaires, rappelle en outre Reto Nause. Nous devrions nous demander si nous ne devrions pas assouplir le frein à l'endettement en faveur de la sécurité. Nous pouvons aussi disparaître sans dettes dans une éventuelle guerre. Seulement, cela ne nous servira plus à rien à ce moment-là.»