L'armée a un problème financier: dans un avenir (très) proche, il manquera plus d'un milliard pour payer certaines commandes. Le chef de l'armée Thomas Süssli voit déjà la fin de l'armée. Alors pour combler les trous budgétaires, les coupes s'enchaînent. Première victime: L'«Air Spirit 24», dont la prise a récemment été débranchée.
Ce qui inquiète également Thomas Süssli, ce sont les coûts d'exploitation en constante augmentation pour des sytèmes obsolètes. Le chef de l'armée a donc indiqué au «Tages-Anzeiger» qu'il souhaitait se débarrasser dès que possible des F-5 Tiger. La ministre de la Défense Amherd avait, elle aussi, déjà demandé qu'ils ne soient plus en service.
Sur l'armée suisse
«Pour moi, il n'y a pas de marge de négociation»
Mais jusqu'à présent, le Parlement s'y est opposé car cela signifierait la fin de la Patrouille Suisse. En effet, même en période de vache maigre, une petite majorité d'irréductibles parlementaires s'y accroche encore et toujours: «Pour moi, il n'y a pas de marge de négociation en ce qui concerne cette patrouille», a lancé le conseiller aux États UDC Werner Salzmann: «Elle est la vitrine de l'armée, chaque apparition publique est une publicité.»
Et les arguments sont tout trouvés: l'armée aurait ainsi besoin d'un lien aussi direct que possible avec la population. «Sinon, nous nous dirigeons vers une armée professionnelle isolée», martèle Werner Salzmann: «Ce que le Parlement n'a jamais voulu.»
Le centriste Martin Candinas est du même avis: «L'armée vient de supprimer des manifestations publiques. Elle doit maintenant veiller à ce qu'elle puisse continuer à toucher un large public à l'avenir.»
Le coup fatal porté à cette institution suisse ne serait toutefois pas une surprise. En 2022, dans son message sur l'armée, Viola Amherd avait en effet annoncé vouloir faire disparaître la flotte de F-5 lorsque les nouveaux F-35 seraient en service. De quoi économiser des coûts d'exploitation d'environ 25 millions de francs par an. La Patrouille Suisse était dès lors menacée de disparition.
Remplacer les F-5 par... des avions à hélice?
Pas de quoi tempérer l'entrain des partis bourgeois. Certes, les F-5 Tiger ne sont plus nécessaires sur le plan militaire, admet Werner Salzmann. «Mais c'est une question émotionnelle.»
Et les alternatives proposées jusqu'à présent ont toujours suscité une forme de scepticisme. Comme celle, par exemple, de remplacer les F-5 par... des avions à hélices. Ou une autre, visant à exploiter une autre escadrille de voltige, le PC-7, nettement moins impressionnante: «Les PC-7, plus lents et plus silencieux, sont souvent utilisés lors de manifestations plus modestes. C'est pour ça que nous nous rendons aux grands shows aériens de la Patrouille Suisse», explique le chef des Forces aériennes Peter Merz. Quant aux avions à hélices: «L'idée ne me convainc pas», lâche l'UDC Werner Salzmann.
Le F-5 n'aurait donc pas encore dit son dernier mot.