L'armée suisse est confrontée à des défis financiers considérables. Le chef de l'armée Thomas Süssli a dû l'annoncer récemment. L'annulation à court terme de manifestations telles que le spectacle aérien «AirSpirit 2024» n'est qu'une première étape pour faire face au manque de moyen.
Comme l'a rapporté la radio SRF mercredi, il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg. En effet, les besoins financiers pour les achats d'armement déjà effectués au cours des deux prochaines années dépassent le milliard de francs. L'armée se trouve avec un trou financier. Pour ses recherches, la radio SRF s'appuie sur un document de l'état-major de l'armée qui ne date que de quelques jours.
Déviation de la propre planification financière
Selon le document interne, le trou de plusieurs milliards est en partie dû à l'écartement de l'armée suisse de sa propre planification financière. Il y a huit ans déjà, elle avait planifié en détail la manière dont l'achat d'un nouvel avion de combat et le renforcement de la défense aérienne devaient être financés.
Seulement, toujours selon la SRF, l'armée s'est écartée de ce plan à partir de 2020. Et ce, en autorisant des achats d'armement nettement plus importants. Cela aurait maintenant conduit à des goulots d'étranglement financiers considérables.
Mais il y a encore d'autres raisons justifiant cette situation financière difficile. On évoque par exemple des frais d'exploitation plus élevés, notamment dans le domaine de l'informatique. Le renchérissement du coût de la vie pèse également dans la balance.
Thomas Süssli doit s'expliquer devant la commission
Bien qu'une augmentation du budget de l'armée ait été prévue il y a deux ans, le Conseil fédéral a décidé il y a un an de freiner le développement financier. Cela a entraîné des retards dans l'obtention de fonds supplémentaires. Malgré cela, le Conseil fédéral et le Parlement ont approuvé l'année dernière de nouveaux achats d'armement, poursuit la radio SRF.
Au vu de la situation précaire, le Département de la défense (DDPS), chapeauté par Viola Amherd, négocie désormais avec les fournisseurs d'armement des paiements échelonnés. De plus, l'armée envisage aussi des annulations d'achats déjà comptabilisés. Cette option était jusqu'à présent considérée comme taboue, selon la radio SRF.
L'armée ne prendra probablement position sur la débâcle financière que lorsque la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats aura été informée en détail sur les causes et les conséquences des problèmes financiers. Le chef de l'armée Thomas Süssli s'expliquera jeudi devant la commission.
Des critiques émanent déjà du Parlement
Jusqu'à présent, les commissions compétentes ne se rendaient pas comptent de la précarité financière de l'armée. L'irritation est donc grande au Parlement. Les critiques commencent à fuser. Le conseiller national socialiste Fabian Molina, par exemple, reproche sur X à la direction de l'armée de ne pas avoir su gérer l'argent: «elle parvient à produire un trou de plusieurs milliards alors que le budget augmente.»
Pour Fabian Molina, c'est clair: «l'armée a besoin d'une réorganisation et d'une focalisation sur les menaces réelles. Et certainement pas d'un centime d'argent supplémentaire. C'est un puits sans fond.» La ministre de la Défense Viola Amherd et le chef de l'armée Thomas Süssli risquent de ne pas dormir sur leurs deux oreilles durant les prochaines nuits.