Pour le conseiller aux Etats libéral-radical, Josef Dittli, il s'agit clairement d'une mauvaise décision: «Cela ne peut pas se passer ainsi.» Le politicien UDC, Thomas Hurter, affirme que «la politique et la population s'interrogent». Et pour la conseillère nationale PS Priska Seiler Graf, présidente de la commission de sécurité, la démarche de la direction de l'armée soulève également de nombreuses questions.
L'armée a étonné tout le monde. Vendredi, elle a informé vouloir supprimer plusieurs événements publics très appréciés en raison de la «situation financière tendue». Cela surprend. Le spectacle aérien «Air Spirit 24» des Forces aériennes, prévu à la fin du mois d'août, est par exemple passé à la trappe. Pourtant, la situation financière ne s'est guère détériorée. Au contraire: en décembre, le Parlement a massivement augmenté le budget de l'armée.
Le chef de l'armée Thomas Süssli a expliqué au «Tagesschau» de la SRF que les coûts d'exploitation, entre autres, avaient augmenté. Ce n'est que mercredi dernier qu'il a été constaté qu'une annulation des grandes manifestations se profilait et qu'une décision avait été prise.
«Est-ce censé inspirer confiance?»
Mais le Parlement ne reste pas de marbre. Le conseiller aux Etats des Verts Mathias Zopfi est surtout étonné. La conseillère nationale PS Sarah Wyss insiste sur X pour que l'armée reçoive à l'avenir 300 millions de francs supplémentaires par an. Pourtant, des événements publics continuent d'être annulés. «Est-ce censé inspirer confiance?», demande la présidente de la commission des finances. De plus, l'armée n'a pas pu dépenser tout l'argent mis à sa disposition pendant de nombreuses années en raison de la lenteur des processus d'acquisition.
L'armée avait argumenté auprès de Blick que les fonds supplémentaires approuvés par le Parlement ne seraient perçus que dans quelques années. Jusqu'à présent, elle n'a toutefois pas pu citer d'économies concrètes résultant de la suppression de manifestations publiques. Une chose est sûre: cela ne résoudra pas ses problèmes financiers, mais c'est un pas visible.
Le chef de l'armée devra sans doute se présenter à la prochaine réunion de la commission de sécurité du Conseil national. Une demande en ce sens a déjà été déposée. Les politiciens en charge de la sécurité se montrent irrités de ne pas avoir été informés au préalable.
«Ce procédé à court terme est absolument inacceptable»
Pour la politicienne socialiste en charge de la sécurité, Priska Seiler Graf, l'argument de la situation financière tendue n'est pas plausible. Pour le politicien PLR, Josef Dittli, le Département de la défense (DDPS) de la conseillère fédérale Viola Amherd doit maintenant corriger la décision. Il insiste également pour que la commission de sécurité du Parlement se penche rapidement sur le sujet.
Son collègue de l'UDC Thomas Hurter est du même avis. Le spectacle aérien prévu, «Air Spirit 24», aurait également été financé par des tiers. L'armée n'économiserait pas grand-chose en renonçant à ce projet. «On a l'impression que l'on veut faire pression sur la politique et la population pour obtenir un budget plus élevé», dit-il.
«Autrefois, il y avait un militaire dans chaque foyer. Aujourd'hui, ce sont justement de telles manifestations publiques qui remplacent l'armée et permettent de la voir de près», fait remarquer Thomas Hurter. Pour le conseiller national, c'est précisément pour cela que ces manifestations sont si importantes. L'acceptation de l'armée par la population, et par la politique, continuerait ainsi de baisser. Pour Thomas Hurter, «ce procédé à court terme est absolument inacceptable».
Pour l'Association des sociétés militaires suisses (ASMS), le renoncement aux manifestations publiques de l'armée envoie un «signal très inquiétant» en raison de la situation sécuritaire tendue en Europe. Chaque franc économisé pour les manifestations publiques réduit la visibilité de l'armée, avertit le président de la Conférence nationale des organisations faîtières militaires, Stefan Holenstein. «La décision de faire des économies en supprimant des manifestations publiques est donc une erreur.»