«La pire chose qui puisse arriver à un jeune homme»
Une psychologue raconte l'enfer des soldats ukrainiens castrés

Les soldats ukrainiens prisonniers de guerre sont souvent torturés et martyrisés par les Russes – certains sont même castrés. Une psychologue raconte la difficulté de soutenir ces hommes.
Publié: 20.06.2023 à 09:01 heures
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Dernière mise à jour: 20.06.2023 à 09:35 heures
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Un soldat ukrainien blessé est soigné. (Photo d'illustration)
Photo: Anadolu Agency via Getty Images
Roman Neumann

Ce sont des vidéos qui montrent des atrocités inhumaines: Un soldat ukrainien est allongé sur le ventre, un soldat russe portant des gants chirurgicaux bleus se tient derrière lui, un cutter à la main. Plus tard, la victime est montrée morte – ses organes génitaux coupés dans la bouche. Ces images ont été diffusées par les canaux Telegram russes, afin de semer la peur et la terreur en Ukraine.

Certains prisonniers de guerre subissent la même torture – et survivent. Anzhelika Yatsenko, une psychologue ukrainienne qui encadre deux victimes libérées lors d'un échange de prisonniers, raconte au journal anglais «The Sunday Times» à quel point il est difficile de surmonter l'horreur.

«J'ai cru que j'allais mourir d'une septicémie»

Lorsque les deux soldats, âgés de 25 et 28 ans, lui ont raconté ce que les tortionnaires russes leur avaient fait, elle ne s'est pas comportée, pour la première fois de sa carrière, comme une psychologue professionnelle. «Je me suis excusée, j'ai dit que je devais aller aux toilettes, je suis sortie et j'ai pleuré et pleuré.»

Les deux jeunes hommes lui ont raconté qu'ils avaient été tabassés en détention, que des Russes ivres les avaient ensuite castrés avec un couteau. Ils pensaient tous deux qu'ils allaient mourir de ces graves blessures. «L'un d'eux m'a dit 'je ne sais pas comment je fais pour être encore en vie, il y avait tellement de sang, j'ai cru que j'allais mourir d'une septicémie.»

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«La pire chose qui puisse arriver à un jeune homme»

Les hommes sont suicidaires, ils prennent des antidépresseurs. Il ne s'agit pas seulement des dommages physiques, mais surtout d'un stress psychologique, explique encore Anzhelika Yatsenko au journal britannique. «Imaginez qu'ils sont deux jeunes hommes qui viennent de commencer leur vie sexuelle et qu'en une seconde, tout est fini. Ils ressentent encore quelque chose, ils sont pleins d'hormones, mais ils ne peuvent rien faire. Ils ne seront jamais sexuellement actifs. C'est la pire chose qui puisse arriver à un jeune homme.»

La psychologue essaie de trouver des distractions pour ces hommes. Avec leurs familles et leurs amis, ils ne veulent pas parler de ce qu'ils ont vécu. «Leur dignité a été tellement endommagée et cela ne peut pas être oublié. Les Russes leur ont dit: 'Nous faisons cela pour que vous ne puissiez plus avoir d'enfants'. Pour moi, c'est un génocide.»

L'un d'eux veut maintenant retourner au front malgré sa blessure. «Il a insisté, dit-elle. Il dit qu'on a besoin de lui et que c'est plus facile d'être dans un endroit où il n'y a pas de femmes. Je suppose que, compte tenu de ce qui s'est passé, il veut aller tuer des Russes.»

La violence sexuelle comme stratégie de guerre

L'année dernière, l'ONU avait déjà critiqué la Russie pour avoir utilisé la violence sexuelle dans le cadre d'une stratégie militaire. L'avilissement sexuel serait une tactique délibérée de Moscou.

Pramila Patten, représentante spéciale de l'ONU pour la violence sexuelle dans les conflits, a déclaré fin 2022 à l'AFP: «Quand des femmes sont détenues et violées pendant des jours, quand on commence à violer des petits garçons et des hommes, quand on voit une série de mutilations génitales, quand on entend des femmes parler de soldats russes équipés de Viagra, c'est clairement une stratégie militaire.»


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