Pour Sanija Ameti, la sanction est tombée lundi: en l'espace d'une journée, la conseillère communale zurichoise vert'libérale a perdu son poste au sein de la direction cantonale du parti ainsi que son emploi dans l'agence de relations publiques Farner Consulting. Elle a en outre encaissé une demande d'exclusion complète du parti national. «La conseillère municipale zurichoise a porté atteinte à la réputation des Vert'libéraux», écrit le parti par l'intermédiaire de son chef Jürg Grossen dans sa demande. Les mots sont clairs.
Ses tirs sur une image de Marie et de Jésus ont aussi valu à la coprésidente d'Operation Libero une plainte pénale pour atteinte à la liberté de croyance. Et sur les réseaux sociaux, la haine et la malveillance pleuvent.
Pas d'exclusion du groupe parlementaire
Toujours est-il que le groupe vert'libéral du conseil municipal de Zurich se range derrière la politicienne tombée en disgrâce. Comme l'écrit le «Tages-Anzeiger», une exclusion du groupe n'est pas à l'ordre du jour. «Nous ne pouvons pas décider de son mandat de conseillère municipale, elle est un membre élu du conseil municipal», explique la chef du groupe Martina Novak. Il ne lui serait pas non plus suggéré de démissionner. Ces déclarations laissent entendre que tous les membres des Vert'libéraux ne sont pas d'accord avec la démarche des sections nationale et cantonale.
D'autres membres du parti se montrent plus clairs: Benjamin Gautschi, membre comme Martina Novak du groupe vert'libéral zurichois des 7 et 8e arrondissements, est indigné par la manière dont le parti national traite Sanija Ameti. «C'est une campagne de dénigrement dont l'ampleur dépasse tout.» Sur X (anciennement Twitter), le politicien a annoncé sa propre démission du parti si Sanija Ameti devait être exclue.
A-t-elle été jetée en pâture à l'opinion publique?
Benjamin Gautschi doute que la communication brutale de la direction nationale soit bien perçue par la base. «J'attends de mon parti qu'on soutienne les gens dont on a profité, même en cas d'erreur.» Il reçoit de nombreux retours de membres du parti qui ne comprennent pas plus la démarche des vert'libéraux Suisse.
Maya Tharian, coprésidente des Jeunes PVL Suisse, met en garde contre une réaction excessive. «Personne au sein du parti ne doit se sentir poussé à agir trop vite par la foule sur Internet», tempère-t-elle. Il est néanmoins clair que les actes de Sanija Ameti doivent avoir des conséquences.
Mais le parti n'a-t-il pas jeté Sanija Ameti en pâture à l'opinion public en la condamnant de la sorte? Pour seule réponse, il indique: «Pour nous, il est important de préciser que le comportement de Mme Ameti ne correspond pas à nos valeurs, explique Nora Ernst, coprésidente de la section vert'libérale de la ville de Zurich. C'est pourquoi nous avons décidé, avec la direction nationale, d'emprunter cette voie.»
Soutien du côté religieux
Nora Ernst ne veut pas s'exprimer en détail sur la procédure d'exclusion. «C'est un processus en cours.» Le parti de la ville doit d'abord mener des discussions au sein de ses instances ainsi qu'avec Sanija Ameti avant de traiter la demande en première instance. Ce n'est qu'ensuite que la procédure sera transmise au parti cantonal.
Sanija Ameti reçoit tout de même un soutien religieux: la Ligue suisse des femmes catholiques condamne les menaces de violence contre la politicienne. «Les êtres humains font des erreurs», déclare la présidente Simone Curau-Aepli dans un communiqué de presse. «En tant que chrétiens et chrétiennes, nous sommes appelés à pardonner plutôt qu'à attiser la haine.» Selon elle, Sanija Ameti a reconnu son erreur, s'est excusée publiquement et a demandé pardon à la communauté catholique dans une lettre adressée à Joseph Bonnemain, évêque de Coire.