La politicienne zurichoise vert'libérale Sanija Ameti a suscité une grande indignation avec un post sur Instagram. La femme de 32 ans a publié des photos d'un exercice de tir au cours duquel elle a pris pour cible une image de Marie et de Jésus. Pour accompagner sa publication, elle a écrit le mot «décompresser».
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Même la chaîne de propagande russe RT s'est emparée de l'affaire. Des nationalistes roumains ou des catholiques américains ont également diffusé les captures d'écran sur les réseaux sociaux. Nicolas Rimoldi, président du mouvement Mass-voll, qui s'était opposé aux mesures Covid lors de la pandémie, annonce qu'il déposera une plainte pénale contre Sanija Ameti en ce début de semaine. Il lui reproche de porter atteinte à la liberté de croyance. Quiconque insulte publiquement les convictions religieuses d'autrui, s'en moque ou «profane» des objets de vénération religieuse peut être puni d'une amende.
Pour Nicolas Rimoldi, il s'agit en outre d'un appel à la violence. «Imaginez qu'en 2021, j'ai tiré sur une photo d'Alain Berset. La Fedpol se serait présentée à ma porte. Nous ne devons pas tolérer la violence et la haine», tonne-t-il. Lui-même a en effet été accusé à plusieurs reprises d'incitation à la violence.
Les Verts libéraux condamnent
Les Vert'libéraux se sont de leur côté clairement distancé de leur membre. «La publication Instagram de Sanija Ameti ne reflète pas les valeurs des Vert'libéraux, ni dans le ton ni dans le contenu», déclare Nora Ernst, coprésidente des Vert'libéraux zurichois. «Pour nous, il est très important d'avoir des relations pacifiques et respectueuses, cette publication sur les réseaux sociaux ne contribue pas à un dialogue respectueux et constructif.»
Le parti cantonal comme le parti national ont souligné sur X qu'ils condamnaient «toute forme de violence et d'irrespect envers les symboles religieux et les religions elles-mêmes» et qu'ils s'engageaient pour «la tolérance, le respect et les relations pacifiques».
Sanija Ameti s'est quant à elle excusée auprès du parti, indique Nora Ernst. A la question de savoir si cette action aura des conséquences, elle reste vague: «Nous sommes en discussion avec Mme Ameti.» Sur X, de nombreux utilisateurs demandent sa démission, dont la conseillère nationale de l'Union démocratique du centre zurichoise Theres Schläpfer, ainsi que Kathy Riklin, qui a siégé au Conseil national jusqu'en 2019 pour le Parti démocratique chrétien (actuel Centre).
«Je suis incroyablement désolée»
Sanija Ameti aime provoquer et ne craint pas la confrontation. Ce n'est pas la première fois qu'elle s'illustre dans le domaine. Elle avait déjà essuyé des critiques il y a deux ans, en déclarant dans une émission de la SRF qu'elle ne pouvait pas supporter les deux candidats au Conseil fédéral de l'époque, Albert Rösti et Hans-Ueli Vogt.
Dans le cas présent, la politicienne affirme qu'elle n'a pas délibérément provoqué. «Comme modèle pour le tir à dix mètres, j'avais besoin de motifs qui soient suffisamment visibles», se justifie-t-elle. Elle n'avait qu'un catalogue d'art sous la main et n'a pas fait attention au motif, écrit-elle sur Instagram. Elle s'est excusée pour son geste et a immédiatement supprimé les posts. «C'était absolument stupide de ma part. Je n'ai pas réfléchi à ce que je faisais, a-t-elle écrit. Je suis incroyablement désolée. Je demande pardon aux personnes qui ont été blessées.»