La cause du soulagement de Julien*? Un courrier de la Préfecture de Lausanne très brut et officiel, daté du 1er février. «Vu que le doute subsiste quant à la culpabilité du prévenu, celui-ci doit lui profiter», note l’ordonnance de classement que nous avons pu consulter. La Préfecture tire ainsi un trait sur l'affaire et le Lausannois est blanchi sur toute la ligne.
Ce jeudi, il se confie à Blick. «Tout est bien qui finit bien, souffle-t-il. Être condamné à tort pour de la coke que je n’avais jamais commandée, c’était révoltant. Mais j’ai finalement pu être entendu après avoir fait opposition. Ce point est important: il faut que les gens sachent qu’il est nécessaire de faire recours pour faire valoir ses droits.»
Boîtes aux lettres au centre du débat
Souvenez-vous. C’était le 24 novembre. En rentrant de vacances, Julien découvre dans sa boîte aux lettres une ordonnance pénale le condamnant à 200 francs d’amende. Motif: un courrier contenant 0,69 gramme de cocaïne venant des Pays-Bas, qui lui était adressé, avait été intercepté à l’aéroport de Zurich le 14 juillet 2021.
Problème: il n’a, jure-t-il déjà à l’époque, jamais rien commandé aux Pays-Bas. «Je suis condamné à tort, sans avoir été entendu», s’était-il scandalisé dans nos colonnes, après avoir assuré qu’il n’était pas consommateur de poudre blanche.
Habitant du Maupas, quartier lausannois connu pour son deal de rue, Julien émet alors une hypothèse: des revendeurs de drogue du coin, qui se servent selon lui parfois des boîtes à lait des immeubles comme lieu de stockage, auraient tenté de se faire livrer de cette manière.
La préfecture a écouté cet argument. Elle note: «Les boîtes aux lettres étant situées à l’extérieur, n’importe quel passant peut y avoir accès», et ainsi glaner un nom et une adresse à inscrire sur un courrier. Le fait que Julien «n’a aucune dénonciation antérieure» a aussi joué en sa faveur.
Un amalgame trop vite fait?
Avocate de la place, Anne-Claire Boudry s’était montrée sévère avec la Préfecture de sa ville et avait volé au secours de l’étudiant. «Il paraît hâtif de conclure qu’une personne a commis une infraction du seul fait que son adresse figurait sur une enveloppe, tant il est possible d’imaginer d’autres explications, avait-elle asséné dans notre article. L’amalgame est trop vite fait.»
Elle avait toutefois souligné que le droit — fondamental — d’être entendu était garanti dans le cas d’espèce, puisqu’un recours était possible. La Préfecture de Lausanne, elle, avait précisé avoir agi selon les règles en vigueur.
*Prénom d’emprunt, identité connue de la rédaction. Julien a choisi de garder l’anonymat «pour ne pas s’attirer d’ennuis avec les dealeurs de son quartier».