Il n'a toujours pas payé ses ex-employés
Un restaurateur de Saint-Gall en faillite reprend trois bars

Le restaurateur saint-gallois Frederik G. est un personnage connu en Suisse alémanique. Pas seulement pour de ses exploits gastronomiques, mais aussi parce qu'il a repris trois bars alors qu'il doit encore de l'argent à nombre de ses ex-employés, qui ont porté plainte.
Publié: 20.03.2024 à 15:59 heures
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Dernière mise à jour: 20.03.2024 à 16:06 heures
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Frederik G. doit de l'argent à beaucoup de monde.
Photo: Facebook
Sandro Zulian

Frederik G.* est un personnage connu en Suisse alémanique. Mais le restaurateur de Saint-Gall est endetté jusqu'au cou. Selon l'extrait du registre des poursuites d'octobre 2023, il doit bien plus d'un million de francs aux autorités et autres créanciers: à une brasserie, à l'administration fiscale, à un dentiste, à des sociétés de recouvrement, à des agences immobilières, à la Suva, à un plombier, à un marchand de vin, à une boulangerie, à une entreprise de jardinage et ainsi de suite. La liste est longue.

Et ce n'est pas tout: plusieurs entreprises dans lesquelles il était impliqué ont fait faillite. Résultat des courses: de nombreux employés, actuels et anciens, attendent toujours leur salaire. Frederik G. ne semble pas s'en soucier, il vient de reprendre trois bistrots dans le centre-ville de Saint-Gall.

Un ancien partenaire commercial, auquel l'entrepreneur de 59 ans doit des dizaines de milliers de francs, déclare anonymement à Blick: «Le fait qu'il reprenne maintenant trois bars en tant que gérant est un non-sens absolu! Je me demande pourquoi les autorités laissent faire cela!»

Valérie P.* et Massimo T.* attendent également de l'argent. Ils sont d'anciens employés de Frederik G. Le restaurateur leur devrait encore, ainsi qu'à une autre ex-employée, au moins un mois de salaire – au total environ 20'000 francs.

Son salaire n'est pas versé, il est expulsé de son appartement

Les victimes se sont adressées à Blick. Tino B.* en fait partie, il raconte: «J'ai été expulsé de mon appartement parce qu'il ne m'avait pas payé mon salaire! Je ne pouvais plus payer le loyer.» Selon lui, cette situation a été extrêmement éprouvante. Entre-temps, son salaire lui a été versé. L'homme de 48 ans est désormais employé dans un restaurant et se dit satisfait de ses nouvelles conditions de travail.

Tino B. n'arrive pas à croire que Frederik G., malgré sa faillite, ait repris au 1er janvier 2024 les affaires de trois bars situés au cœur du quartier des sorties de Saint-Gall, surnommé le Triangle des Bermudes. Valerie P. ne comprend pas non plus comment cela a pu se produire.

«Ce n'est pas si difficile de transférer de l'argent à quelqu'un!»

La jeune femme a travaillé sous les ordres de Frederik G. entre l'été 2021 et le printemps 2022. Il lui devrait encore près de 4000 francs. «Il sait très bien parler et est assez manipulateur», révèle-t-elle à Blick. Les salaires pour elle et ses collègues de travail sont toujours arrivés en retard – à la fin, ils n'arrivaient plus du tout.

Le patron aurait toujours trouvé des excuses. «La banque avait des problèmes, c'était son excuse préférée», se souvient Valérie P. Le restaurateur n'a cessé de faire patienter la jeune femme de 23 ans. Elle travaille désormais dans un autre établissement de restauration et est heureuse que toute cette histoire soit derrière elle. Si ses pertes ont entre-temps été amorties, elle maintient: «Ce n'est pas si difficile d'envoyer de l'argent à quelqu'un!»

«Il avait toujours une excuse toute prête»

Il en va de même pour Massimo T. Le magicien italien des cocktails a été découvert par Frederik G. à Ibiza. Sur l'île des Baléares, le quinquagénaire était un adepte des fêtes opulentes. Massimo raconte: «Il m'a dit qu'il aimerait me faire venir à Saint-Gall et m'a promis un salaire élevé.» Mais une fois arrivé à Saint-Gall, l'Italien de 32 ans aurait dû attendre son argent dès le premier salaire. «Il arrivait toujours en retard, il avait toujours une excuse toute prête – 'ma banque a des problèmes.'»

Un matin, dans le logement où Massimo T. vivait soi-disant aux frais de Frederik G., l'hôtelier s'est soudain présenté dans l'encadrement de la porte et lui a tendu une facture impayée. «Est-ce que ça va être payé un jour?», aurait demandé ce dernier. «C'est là que j'ai su que quelque chose n'allait pas», raconte Massimo T. «J'aimerais profiter de cette occasion pour mettre en garde les employés qui travaillent actuellement sous les ordres de Frederik», avertit l'homme.

Thomas Peter est l'un de ceux qui avaient déjà été mis en garde contre Frederik G. par le passé. Il était le gérant du Rock Story, l'un des trois établissements repris par Frederik G. au début de l'année. Thomas Peter a volontairement quitté son poste lorsqu'il a appris qui serait son nouveau patron. Il avait dirigé le bar avec succès pendant six ans.

Il n'a aucune rancune envers le nouveau chef du Triangle des Bermudes. Mais plutôt de l'incompréhension, comme chez pratiquement tous les restaurateurs de la ville: «Je ne comprends pas comment on peut le laisser occuper à nouveau un tel poste. Ses antécédents auraient au moins dû tirer la sonnette d'alarme.»

«Je suis désolé»

Contacté, Frederik G. a confirmé ces accusations à Blick. L'entreprise dans laquelle Tino B., Valerie P. et Massimo T. étaient employés a fait faillite. Il affirme toutefois que «la procédure de faillite n'est pas encore terminée». Il se dit prêt à rembourser l'argent. «Je n'aime pas les bavardages en ville», explique l'homme de 59 ans.

Il rejette notamment la faute sur la pandémie de Covid. «Nous avons commencé à planifier au mauvais moment. Je suis désolé que cela se soit passé ainsi.» Quand Blick demande s'il est la bonne personne pour reprendre trois bistrots, Frederik G. répond: «Il faut bien que j'aie du travail!»

*Noms modifiés

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