Le patron de Raiffeisen, Heinz Huber, semble avoir apprécié pouvoir enfin présenter les (excellents) résultats annuels de la banque en présentiel. Le fait que la présentation de ce jeudi ait eu lieu dans les nouveaux bureaux du complexe The Circle, à l'aéroport de Zurich, tranche avec l'image traditionnelle du groupe bancaire suisse de coopératives. En arrière-plan, le ballet aérien des avions invite à la rêverie. Au premier plan, ce sont les affaires plus terre à terre des clients bancaires helvétique qui occupent les esprits.
Heinz Huber, quel est votre bilan de l'exercice 2022?
C'est un très bon résultat annuel. Nous sommes très satisfaits.
Même avec les activités hypothécaires?
Notre message était que nous voulions croître avec le marché. Nous y sommes parvenus avec une croissance de 3,7%.
L'époque où la troisième banque suisse connaissait une croissance plus forte que le marché est désormais révolue?
Nous misons sur une croissance qualitative. C'est pourquoi nous souhaitons croître à même intensité que l'ensemble du marché.
Vous attendez-vous à une nouvelle hausse des taux hypothécaires?
Cela dépend de l'évolution de l'inflation et de ce que la Banque nationale entreprend pour lutter contre le renchérissement. Nous prévoyons une nouvelle hausse des taux en mars et peut-être une autre dans le courant de l'année.
Qu'est-ce que cela signifie concrètement pour les débiteurs?
Les taux d'intérêt à court terme continueront ainsi à augmenter, tandis que les taux à long terme sont déjà en grande partie intégrés dans les prix. Les hypothèques à taux fixe ne seront plus beaucoup plus chères.
La situation sur le marché de l'immobilier est-elle critique?
Nous constatons que le marché de l'immobilier est assez peu impacté par la hausse des taux. La demande est toujours aussi forte et l'offre limitée. Les prix augmentent toujours, mais plus avec la même dynamique qu'auparavant.
Quand la hausse des taux d'intérêt touchera-t-elle enfin les épargnants?
Chaque banque, y compris Raiffeisen, a déjà fait quelques pas en matière de taux d'intérêt. Les taux d'épargne vont continuer à lentement augmenter.
Près de 4 milliards de francs d'argent frais ont afflué chez Raiffeisen – combien provenaient de Credit Suisse?
Sur l'ensemble de l'année, nous n'avons pas observé d'anomalies.
Sans rire? Même pas en octobre et novembre, lorsque les clients de Credit Suisse ont été particulièrement nombreux à retirer leur fortune?
Les clients qui ont des comptes dans les deux banques ont déjà transféré certains fonds vers Raiffeisen durant cette période. Nous avons en outre accueilli davantage de nouveaux clients.
La Suisse est-elle menacée par une pénurie de logements?
Les taux de vacance sont en train de baisser de manière drastique, à quoi s'ajoute une forte immigration. Cela peut conduire à une pénurie de logements. Une telle situation pousserait les loyers à la hausse.
Comment stimuler les nouvelles constructions?
Les conditions cadres doivent être conçues de manière adéquate. On parle beaucoup de densification de la construction, mais en réalité, elle n'a pas encore lieu suffisamment.
Les prix et les taux d'intérêt augmentent, la vie devient plus chère. Qu'est-ce qui attend la classe moyenne?
Nous l'observons avec inquiétude. Les charges augmentent, le renchérissement s'accentue. Nous ne savons pas non plus où cela va nous mener. Ce qui nous aide en Suisse, c'est la bonne santé du marché du travail et son faible taux de chômage.
Les clients sont-ils plus prudents lors des entretiens de placement?
En ce qui concerne la situation économique, nous ne le constatons pas, au contraire: la quantité d'argent placé par nos clients augmente. Apparemment, ces derniers font confiance à Raiffeisen.
Sur quels titres les investisseurs doivent-ils miser?
En ce qui concerne les actions, nous recommandons les secteurs défensifs, par exemple les titres du secteur de la santé, de l'alimentation ou des biens de consommation. Cette année encore, le marché boursier restera volatil.