Le secteur de la construction ralentit massivement son activité et laisse poindre une pénurie de logements à grande échelle en Suisse dans les années à venir. Face à cette problématique, les politiques cantonales et fédérale misent entièrement sur la densification. Mais selon Credit Suisse, les conditions nécessaires à cette démarche ont été trop souvent négligées. Désormais, il faut agir rapidement.
D'autant plus que la Suisse s'agrandit chaque année d'environ 55'000 ménages, notamment en raison de l'immigration. «Nous constatons dès maintenant les manques à venir, déclare Fredy Hasenmaile, expert immobilier du CS. Il y a trop peu de logements en phase de construction, ou ne serait-ce que sous la forme de projets.» La banque s'attend à ce que le taux de logements vacants passe sous la barre des 1% dès 2024.
La Suisse se dirige donc vers une pénurie de logements d'une ampleur inédite depuis la fin des années 1980. Dans les centres urbains, les habitations se font déjà très rares. Le problème n'a pas encore atteint les campagnes, mais là aussi, ce ne serait plus qu'une question de temps.
Sur la pénurie de logements
Mécontentement de la population
Comme conséquence de cette pénurie, il y a évidemment la hausse des loyers. Il devient ainsi plus difficile d'accéder à une habitation. Comme un effet boule de neige, cela entraîne le mécontentement de la population. «La menace de pénurie va inévitablement entraîner des tensions sociales, insiste Fredy Hasenmaile. L'offre de logements est un sujet important que la politique doit prendre au sérieux».
Pour Credit Suisse, le problème vient de la loi sur l'aménagement du territoire, qui a été modifiée en 2014. Il était question de densifier – à juste titre. Mais les conditions légales proposées ne fonctionnent pas dans la pratique. La densification est freinée à plusieurs égards. «Il y a trop d'oppositions abusives», explique l'expert. La plupart du temps, il s'agit de la protection des sites, de la législation sur le bruit ou de la protection des espèces. Cela conduit à des conflits d'objectifs. Rien qu'à Zurich, la construction de plus de 1000 logements est actuellement bloquée en raison de la loi sur le bruit.
Changer la législation
C'est pourquoi il est important de fixer des priorités, selon lui: «Il faut se demander si l'approvisionnement en logements n'est pas plus important que la protection des sites.» Il faudrait en outre veiller à ce que les possibilités d'opposition ne soient plus aussi facilement détournées. En d'autres termes, les lois doivent être adaptées, mais, même si cela se concrétise, il faudra sans doute des années, dans le meilleur des cas, pour qu'un allègement se fasse sentir.