Lausanne, ville gouvernée par la gauche, aura des policiers municipaux armés. C'est le syndic socialiste lui-même, Grégoire Junod, qui s'est empressé de caresser les policiers et policières du chef-lieu vaudois ce vendredi 31 janvier. Blick l'a dévoilé ce matin, la Municipalité a transmis un courrier à tous ses agents de police municipale pour les rassurer que leur arme ne disparaîtra pas de leur ceinture.
Un communiqué de presse adressé à la population est ensuite apparu sur le site de la Ville. Le collège exécutif n'entrera pas en matière sur le postulat «Projet pilote pour une police de proximité sans arme à feu», pourtant adopté par le Conseil communal le 14 janvier dernier. Interview du syndic socialiste, qui dit toute son admiration et ses remerciements à ses forces de l'ordre.
Grégoire Junod, ce courrier est-il une assurance pour les agents inquiets ou fâchés du débat sur le désarmement que Lausanne n'entrera pas en matière?
Oui, exactement. C'est une position claire de la Municipalité. Le postulat accepté par le Conseil communal n’a pas de caractère contraignant, mais nous avons voulu prendre une décision de principe rapide.
C'est un peu particulier en termes de timing de faire cette déclaration aux policiers et en public avant de fournir avant de répondre au postulat accepté par les élus lausannois?
L’adoption du postulat a suscité beaucoup d'inquiétudes et aussi une certaine incompréhension, à la fois au sein du corps de police et au sein de la population. Notre position étant claire, il nous a paru utile de le faire savoir pour calmer le débat et rassurer aussi les forces de l’ordre. Sur le fond, il est fréquent que le collège municipal, lorsqu'un postulat lui est renvoyé, donne rapidement une orientation à la direction compétente qui a ensuite la charge de préparer une réponse formelle.
Donc il y aura aussi une réponse rapide sur le plan des institutions politiques?
Alors... ça va d’abord dépendre de mon collègue (ndlr: Pierre-Antoine Hildbrand à la Sécurité) qui a en principe un délai de six mois pour le faire. Mais reconnaissons que nous avons souvent du retard en raison du nombre de textes déposés. Ensuite, il y aura le traitement parlementaire, avec un passage en commission avant le plénum. Il est fréquent que cela prenne de nombreux mois. Disons que ce sont les deux rythmes de la politique, celui de la communication du plus en plus rapide et celui du traitement institutionnel…
Au vu contexte actuel, Ilias Panchard évoque chez Blick la possibilité d'augmenter le nombre de policiers municipaux qui patrouillent dans les rues, et d'étudier la possibilité qu'ils le fassent sans arme dans certains cas. Est-ce que c'est une possibilité?
Non, ce n’est pas une option. Il faut d’abord rappeler que la police de Lausanne agit dans le cadre du droit vaudois. On a une accréditation comme corps de police municipal, régie par la loi sur l'organisation policière et la loi sur la police vaudoise, qui pose comme principe général que les policiers sont armés. Et nous sommes attachés à ce principe-là. Les policiers de proximité – pour reprendre les termes du postulant – peuvent être appelés à tout moment pour une intervention. La police doit se sentir en sécurité quand elle intervient, car elle a le monopole de la force publique.
Ce monopole est inscrit dans la Constitution vaudoise…
Oui. Par ailleurs, il y a d'autres unités qui patrouillent en ville avec un uniforme et sans armes. Je pense aux correspondants de nuit et aux agents d'accueil et de sécurité. Le nombre de ces derniers est d’ailleurs en augmentation et le sera encore ces prochaines années. Ils ont un rôle de surveillance et participent bien entendu au sentiment général de sécurité en ville, mais n'ont pas la possibilité de faire usage de la contrainte ou d'une arme. Leur activité est utile et complémentaire à celle des policières et policiers, mais clairement différente. Leur présence est en fait la réponse appropriée au postulat Panchard. Pas le désarmement de la police.
Donc une police cantonale armée et une autre municipale qui parfois ne l'est pas, ce n'est pas souhaitable?
Je ne le pense pas. L'Angleterre a, par exemple, des policiers qui ne sont pas armés, mais en parallèle des groupes d'intervention qui sont, pour le coup, lourdement équipés en armes, moyens de défense et de contrainte. Ces derniers sont évidemment fréquemment sollicités pour intervenir, dès qu'il y a un risque estimé. Paradoxalement, leur intervention est souvent anxiogène pour la population lorsqu’ils interviennent dans un quartier. Le modèle suisse avec des policiers armés dont la présence est plus rassurante qu’inquiétante et à qui la population peut aussi facilement s’adresser me paraît largement préférable.
C'est finalement un peu comme à Genève, où les policiers municipaux ne sont pas armés?
La situation genevoise est différente. C’est la police cantonale qui assure les tâches de police. Les policiers municipaux ne sont en fait rien d’autre que l'équivalent de nos assistants de sécurité publique ou de nos agents d’accueil et de sécurité. Dans le canton de Vaud, il n’y a qu’un seul type de policière ou de policier.