Tout le monde connaît cette situation désagréable: vous êtes assis chez le médecin et il faut mesurer sa tension artérielle. Il faut remonter laborieusement la manche, mettre le brassard et le gonfler. La nervosité monte – et avec elle la tension artérielle.
«Ce que beaucoup de gens ignorent c'est que les patients sont souvent stressés lorsque la tension artérielle est mesurée dans le cabinet médical, ce qui conduit à des résultats anormalement élevés et non représentatifs», explique Patrick Schoettker. En médecine, cette situation est également connue sous le nom de «syndrome de la blouse blanche».
L'idée vient du bloc opératoire
L'anesthésiste, professeur et médecin-chef à l'Hôpital universitaire de Lausanne est l'un des cerveaux derrière l'application OptiBP de la start-up lausannoise Biospectal. Il s'agit de la première application pour smartphone qui mesure la tension artérielle et qui répond aux normes médicales les plus strictes.
Il existe déjà d'autres applications sur smartphone qui permettent de prendre la tension artérielle. Mais leur utilisation est plus compliquée ou la précision de la mesure ne peut pas rivaliser avec les appareils de mesure à brassard disponibles dans le commerce.
«Je m'occupe depuis longtemps de la question de savoir comment les valeurs de mesure très précises de la salle d'opération peuvent être transposées dans le quotidien médical et sur les smartphones omniprésents», explique Patrick Schoettker dans un entretien avec Blick. Au bloc opératoire, la tension artérielle est mesurée au moyen d'un cathéter introduit – avec une précision inégalée.
L'hypertension artérielle, une maladie répandue
En se basant sur environ deux millions de valeurs mesurées en salle d'opération, Biospectal a développé une application qui mesure la tension artérielle au moyen de la caméra du smartphone. Il suffit de poser le doigt sur la caméra et le résultat de la mesure est disponible au bout de 30 secondes. «Notre application est la première solution certifiée qui permet de mesurer la tension artérielle à tout moment et en tout lieu», explique Patrick Schoettker. «Nous avons notamment effectué des tests en étroite collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans des pays tels que l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Indonésie et le Bangladesh, afin de démontrer son utilité au quotidien.»
L'application, qui n'est pour l'instant disponible que dans le Google Play Store en Suisse, est plus qu'un gadget technique. «L'hypertension artérielle est une maladie très répandue qui, si elle n'est pas traitée, entraîne de nombreuses maladies secondaires et des coûts élevés. Il est prouvé depuis de nombreuses années que l'automesure de la tension artérielle, associée aux mesures de la tension artérielle chez le médecin, est importante pour le diagnostic, le traitement et le suivi de l'hypertension», écrit la caisse-maladie CSS sur demande. L'OMS estime les coûts de la «maladie populaire» qu'est l'hypertension artérielle à environ 370 milliards de dollars – par an.
Pas tout à fait bon marché
La Suisse est le premier marché test pour l'application OptiBP, qui devrait bientôt être également disponible sur l'Apple Store. «Si tout se passe bien, l'application sera disponible dans toute l'Europe au cours du deuxième semestre», explique Patrick Schoettker en esquissant les plans d'expansion de Biospectal.
Ce n'est pas seulement la technologie derrière l'application qui est suisse, mais aussi le prix: l'abonnement annuel coûte 90 francs. De bons appareils de mesure des brassards sont disponibles dans le commerce en ligne pour un prix unique de 100 à 150 francs. En revanche, l'application permet d'éviter la saisie fastidieuse des valeurs mesurées dans des cahiers papier longs de plusieurs milliers de pages. Les données sont enregistrées sur le smartphone et peuvent être transmises au médecin ou à d'autres institutions médicales en cas de besoin.