Réactions contrastées à Berne
La secrétaire d'État Livia Leu nommée ambassadrice à Berlin

La secrétaire d'État Livia Leu est nommée ambassadrice de Suisse à Berlin. Le Conseil fédéral a annoncé cette nomination mercredi. Elle était négociatrice en chef dans les relations avec l'UE depuis octobre 2020. À Berne, les réactions sont contrastées.
Publié: 10.05.2023 à 12:09 heures
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Dernière mise à jour: 10.05.2023 à 15:49 heures
Livia Leu va quitter son poste de négociatrice en chef dans les relations avec l’UE pour devenir ambassadrice à Berlin (archives).
Photo: PETER SCHNEIDER

À sa demande, Livia Leu quitte ainsi au bout de trois ans ses fonctions de secrétaire d’État du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), précise le gouvernement. Elle a mené les discussions techniques après la rupture unilatérale des négociations sur un accord-cadre avec l'UE le 26 mai 2021.

Les entretiens exploratoires en vue d’un nouveau mandat de négociation avec l'UE sont aujourd'hui bien avancés. Le Conseil fédéral devrait se prononcer fin juin sur les grands axes de ce mandat.

Livia Leu continuera à exercer ses fonctions de secrétaire d’État jusqu’à fin août. Le changement n'aura aucune incidence sur les discussions menées avec l'UE, précise le Conseil fédéral.

Roger Nordmann agacé

La démission de la secrétaire d'État Livia Leu arrive au mauvais moment pour le chef du groupe parlementaire PS Roger Nordmann. Le Vaudois en profite pour vivement critiquer le département des affaires étrangères.

L'offensive de communication du Département des affaires étrangères (DFAE) de ces dernières semaines, selon laquelle des progrès ont été réalisés dans les négociations avec l'Union européenne, «s'est donc évaporée dans les airs», a déclaré mercredi Roger Nordmann, à Keystone-ATS.

Pour le conseiller national vaudois, la démission de Livia Leu est un échec majeur pour le DFAE. «Chaque fois que vous êtes proche d'un résultat possible dans les négociations avec l'UE, le négociateur en chef change, a critiqué Roger Nordmann. Ainsi, vous n'obtiendrez jamais de résultat significatif.»

Selon Roger Nordmann, «le futur négociateur devra créer une nouvelle confiance entre les partenaires de négociation. Des informations précieuses ont également été perdues» avec le départ de Mme Leu, selon l'élu socialiste.

Un «choix de carrière» selon Pirmin Bischof

Pour le président de la commission de politique extérieure du Conseil des États, Pirmin Bischof (Centre/SO), l'annonce du départ de Livia Leu est une surprise et arrive à un moment «politiquement délicat».

C'est un choix de carrière de la secrétaire d'État. Mme Leu a encore une dernière ronde d'entretiens exploratoires avec l'UE devant elle. D'éventuelles négociations devraient débuter après son départ, a expliqué M. Bischof à Keystone-ATS. Le sénateur soleurois a salué une diplomate tenace – et c'est précisément ce qu'il faut à ce poste, a-t-il relevé.

Pirmin Bischof dit comprendre les raisons de la secrétaire d'Etat. Elle a 62 ans et vient de passer trois ans dans un poste très exigeant. «Je peux m'imaginer que pour elle c'est le bon moment pour un changement», a-t-il dit, en qualifiant le poste d'ambassadeur à Berlin de «très attractif».

Le centriste ne sait pas qui succédera à Livia Leu. Selon lui, la personne choisie, quelle qu'elle soit, devra avoir les épaules solides.

Une «décision personnelle» que respecte le PLR

Les partis voient dans la démission de Livia Leu une décision personnelle. Ils espèrent que le départ de la négociatrice en chef ne changera pas le cap de la politique européenne et appellent le Conseil fédéral à prendre ses responsabilités.

Le PLR prend acte de la décision de Livia Leu de démissionner. «Il s'agit d'une décision purement personnelle. Nous partons du principe que ce changement à la tête des négociations n'influencera pas la politique européenne du Conseil fédéral», a indiqué Marco Wölfli, responsable de la communication du PLR.

Pour Damien Cottier, président du groupe parlementaire PLR, le moment choisi pour le départ de la secrétaire d'État est logique, puisque les entretiens exploratoires sont sur le point d'aboutir. Il est compréhensible, selon lui, que Mme Leu cherche un nouveau défi après avoir occupé cette fonction très exigeante pendant plusieurs années.

Le Conseil fédéral pointé du doigt

Du côté des Verts, on estime que la responsabilité de l'ensemble du Conseil fédéral est engagée après la démission de Mme Leu. Les écologistes regrettent cette démission et se voient confirmés dans la nécessité de leur initiative européenne.

Interrogé par Keystone-ATS, le président, Balthasar Glättli, s'est dit surpris par cette démission. Pas plus tard que mardi, à l'occasion de la Journée de l'Europe, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a souligné que les relations personnelles étaient la clé du succès dans les négociations avec l'UE.

La confiance devra être reconstruite avec une nouvelle négociatrice ou un nouveau négociateur. La démission semble être une décision de Mme Leu, relève Balthasar Glättli. La diplomate en chef n'a pas eu peur du travail et serait probablement restée en fonction si elle avait eu suffisamment de soutien de la part du Conseil fédéral, selon lui.

Les Vert'libéraux déplorent aussi un nouveau changement dans le dossier européen. La démission tombe mal et constitue un obstacle supplémentaire dans les négociations avec Bruxelles, estime Julie Cantalou, co-secrétaire générale des Vert'libéraux. Et d'ajouter: «Le Conseil fédéral doit enfin prendre ses responsabilités et fournir des résultats.»

(ATS)

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