Fin d'une ère en terres vaudoises
Les émouvants adieux de Pascal Broulis en larmes

Philippe Leuba, Béatrice Métraux, Cesla Amarelle et Pascal Broulis ont fait leurs adieux aux députés lors de la dernière séance du Grand Conseil de la législature. Après 20 ans au pouvoir, le dernier nommé n'a pas caché son émotion dans un vibrant discours.
Publié: 22.06.2022 à 17:08 heures
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Dernière mise à jour: 22.06.2022 à 18:32 heures
Pascal Broulis, étranglé par l'émotion, a mis plusieurs secondes avant de pouvoir commencer son discours d'adieu.
Photo: Capture d'écran Sonomix
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

C’est une scène aussi rare qu’émouvante. Surtout dans le décor austère d’une arène politique. Ce mardi, lors de l’ultime séance du Grand Conseil vaudois de la législature, les conseillères et conseillers d’État sur le départ, Béatrice Métraux, Cesla Amarelle, Philippe Leuba et Pascal Broulis, ont fait leurs adieux à l’ensemble des députées et députés.

Ce sont probablement les mots et l’attitude de l’homme fort du Nord vaudois qui marqueront le plus les esprits. Après 20 ans au pouvoir, Pascal Broulis, qui est devenu en 2017 le premier élu au conseil d’État vaudois à dépasser la barre des 100’000 suffrages, s’est mis à nu. Adieu le costume de membre de l’Exécutif et bonjour les émotions de la bête politique, qui est avant tout un homme comme les autres.

Broulis en larmes

Saisi par les larmes qui lui montent aux yeux, Pascal Broulis a pris plusieurs secondes avant de réussir à entamer son discours (à voir dès 1:56:07 en cliquant ici). «Vous me connaissez plus loquace», glisse-t-il aux parlementaires, dans un habile pas de côté rhétorique. Mais les trémolos ne quittent pas de sa voix: «20 ans… Forcément qu’il y a de l’émotion! [Il y a eu] de la joute oratoire et de l’échange dans ce parlement reconstruit (ndlr: il a été inauguré au printemps 2017).»

Pour une fois, celui qui est encore la figure de proue du Parti libéral-radical vaudois laisse parler sa sensibilité et sa fragilité. Pas pour verser dans le pathos, non. Mais pour défendre les institutions. On ne se refait pas! «Je me contenterai de deux images, lance-t-il à la tribune. Je me rappelle d’un canton de Vaud piétinant, en manque d’assurance, disait-on à l’époque. Que le reste de la Suisse regardait un peu comme son homme malade. Je vois aujourd’hui un canton dynamique, capable d’encaisser le Covid sans même tousser. Un canton jouant pleinement son rôle de locomotive économique.»

Ode à la collégialité

Il enchaîne: «Alors merci à vous d’avoir contribué à cette évolution et de continuer de vous investir pour ce canton. Merci en particulier à toutes celles et ceux qui font fonctionner ce parlement, et notamment son bureau. Merci à toute l’administration cantonale qui donne leur efficacité aux décisions. Merci aux collaboratrices et collaborateurs de mon Département des finances, à commencer par ses cadres et son état-major. On sait que je n’ai rien contre les séances de l’aube ni contre celles de la nuit: je leur en sais gré d’avoir compris et participé à cette flexibilité.»

Celui qui a été candidat malheureux au Conseil fédéral en 2010 conclut avec un vibrant plaidoyer pour la collégialité: «J’ai eu la chance de collaborer avec quinze autres conseillères et conseillers d’État. Ce n’était pas toujours acquis. Lorsqu’on est ensemble dans un collège, on débat, on s’invective peut-être. Cela doit rester et cela reste dans la salle du Conseil d’État. Mais lorsque la solution est trouvée et adoptée, on l’assume tous ensemble. Cela s’appelle la collégialité. Continuez, chères et chers collègues, à la chérir. Elle est une clé de voûte de la confiance de la population en le gouvernement.»


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