Mardi, Corinne Suter et Mathilde Gremaud avaient fait la fierté de la Suisse et emballé les réseaux sociaux avec leurs titres olympiques. Ce mercredi, il ne fallait pas mettre le réveil à 3 heures du matin (ou à 1h45 comme mon collègue Matthias Davet, en reportage chez les fans de Daniel Yule): les athlètes aux tenues rouges à croix blanche se sont ratés dans les grandes largeurs.
Les déclencheurs de l'euphorie nationale s'appelaient Alain et Ignazio, mercredi. Le second nommé avait fait ses calculs: «Vingt-trois mois se sont écoulés depuis le début de la proclamation de la situation extraordinaire par le Conseil fédéral. C'était le 16 mars 2020», a rappelé le président de la Confédération, médecin dans le civil. Il a ainsi brûlé la politesse de la déclaration tant rêvée par Alain Berset, au front depuis 702 jours.
Le Fribourgeois est venu pour la... 85e fois au Centre de presse du Palais fédéral pour aborder la pandémie de Covid-19. Il aura donc apprécié de voir son collègue du gouvernement proclamer en trois langues le mot «liberté», celle retrouvée de la vie sans mesures sanitaires ou presque. Ne jetez pas tout de suite vos masques, ils vous seront encore utiles dans les transports publics et dans les établissements de santé, du moins jusqu'à la fin mars.
Cette annonce n'a surpris personne. Blick vous l'annonçait d'ailleurs depuis le début de la semaine. Et pourtant, tout le monde a été pris d'un certain vertige à voir cette prophétie se réaliser. Trop souvent, l'horizon semblait dégagé avant que le Covid se rappelle à nous. Une certaine propension à la prudence — psychose? — s'est installée dans la population, au point que la question se pose: osera-t-on vraiment tomber le masque dès jeudi matin à la Migros ou à la Coop?
À peine confirmé ce que l'on savait déjà, les réactions ont plu sur Twitter. On parle ici tant du verbe plaire que du verbe pleuvoir: pour la première fois depuis le début de la pandémie, des déclarations gouvernementales ont rencontré l'approbation de tout le monde, des pro- et des anti- dans toutes leurs nuances possibles. «La Suisse» s'est retrouvée en tendances sur le réseau social à l'oiseau bleu, notamment parce que nos voisins français nous enviaient.
Tout le monde s'est réjoui, donc, sauf... la faîtière des transports publics. Précisément celle qui représente les lieux où le masque reste obligatoire. «Il ne sera pas facile de maintenir cette exception», a prévenu le directeur de l'Union des transports publics, Ueli Stückelberger. Sa corporation va néanmoins faire tout son possible pour appliquer les règles.
Si l'homme fort des transports publics depuis plus de dix ans anticipe une baisse d'acceptation du masque dans la population, il peut se rassurer: l'obligation du port du masque dans les bus, trains et autres cars postaux devrait tomber le 1er avril, jour officiel de la sortie de la pandémie à tous les égards.
«Une victoire de la raison»
Fait rare depuis le début de la crise, même l'Union suisse des arts et métiers (USAM) a pour sa part salué l'«ouverture turbo» décidée par le Conseil fédéral. Elle y voit une «victoire de la raison et de la pression constante des milieux économiques». GastroSuisse aussi est soulagée de pouvoir désinstaller l'application liée au certificat Covid des téléphones de ses membres, mais surtout de toute la population.
Pour trouver certains malheureux, il faut se tourner vers la politique. La pandémie n'est pas terminée, a martelé le Parti socialiste mercredi. Le parti à la rose songe aux personnes vulnérables mais surtout à l'automne prochain: il faut se préparer, assurent les socialistes. Augmenter les capacités des hôpitaux, mettre sur pied un monitoring du Covid long et affiner les concepts pour les écoles sont autant d'éléments figurant sur la liste de doléances du PS.
Plusieurs partis ont appelé à se préoccuper des conséquences sur la santé mentale de la population.
Et la Task Force Covid, dans tout cela? Comme durant toute son existence, elle a continué à polariser ce mercredi. Certains utilisateurs de Twitter et/ou représentants des partis se sont réjouis de sa disparition annoncée pour le 31 mars, tandis que d'autres ont salué son travail. C'est le cas du président des Verts, Balthasar Glättli.
La surveillance de la pandémie va se poursuivre malgré la dissolution de la Task Force, a d'ailleurs relevé Alain Berset. Certains de ses membres vont continuer à pouvoir prodiguer des conseils à titre individuel, si nécessaire.
Le grand absent de ce mercredi? Thomas Wiesel. L'humoriste lausannois a été le grand absent de cette conférence de presse, lui qui avait pris l'habitude de les tourner en dérision en direct durant la majeure partie de la pandémie. Moins visible durant la 5e vague, le trublion n'a pas pu s'empêcher de poster une image depuis ses vacances: «Un homme chauve donne un orgasme à toute la population.» On l'a connu plus fin, mais c'est une autre fin qui nous intéressait ce mercredi: celle des mesures sanitaires.