Les dernières mesures prises par le Conseil fédéral pour lutter contre la pandémie de coronavirus ont été adoptées il y a six jours. Et déjà, les sept Sages doutent qu’elles soient suffisantes pour briser la cinquième vague. Souhaitant jouer la carte de «la précaution», comme l’a dit le ministre de la Santé Alain Berset, ils proposent à présent des mesures plus strictes.
La pièce maîtresse du paquet est l’introduction généralisée des 2G, solution que le Conseil fédéral avait encore résolument rejetée il y a deux semaines. Désormais, les personnes non vaccinées ne devraient plus avoir accès aux restaurants, cinémas, centres de fitness et clubs – bref, partout où les 3G sont actuellement obligatoires.
Deux variantes en jeu
Le port du masque restera obligatoire, on ne pourra manger et boire qu’en position assise. Ceux qui le souhaitent peuvent aller encore plus loin et exiger en plus des personnes guéries et vaccinées un test négatif. En contrepartie de ces 2G +, l’obligation de porter un masque et de s’asseoir serait alors supprimée.
C’est la variante soft. L’autre est plus radicale: les lieux où le port du masque n’est pas possible devraient fermer complètement. En clair: fermeture de la restauration et des centres de fitness.
Des restrictions également dans la sphère privée
Le Conseil fédéral propose de surcroît l’obligation de travailler à domicile, ainsi que l’obligation de porter un masque dans les écoles à partir du niveau secondaire II. Il veut intervenir dans les rencontres privées: 30 personnes au maximum à l’intérieur, 50 personnes à l’extérieur. Si une personne non vaccinée est présente lors d’une réunion à l’intérieur, le nombre maximal de participants sera limité à cinq.
Cela sera-t-il suffisant? Où est-ce que le Conseil fédéral se retrouvera, dans une semaine, devant la presse réunie pour leur annoncer des restrictions encore plus cinglantes? Ni le ministre de la Santé, ni le président de la Confédération Guy Parmelin n’excluent cette possibilité. «J’aurais volontiers annoncé la fin de la pandémie et de toutes les mesures à la fin de mon année présidentielle, mais c’est malheureusement le contraire qui se produit», déplorait ce dernier.
Un air de déjà-vu
C’est une sorte de déjà-vu: début octobre 2020, la deuxième vague de Covid faisait rage. En l’espace de 20 jours, les nouvelles infections ont été multipliées par dix, passant de 603 le 1er octobre à 6493 le 21 octobre.
Le Conseil fédéral a réagi: le 19 octobre, recommande le télétravail, ordonne l’obligation de s’asseoir dans la restauration, interdit les rassemblements de personnes de plus de 15 personnes. Dix jours plus tard, il met les bouchées doubles: il ferme les clubs et les discothèques, impose aux bistrots un couvre-feu à 23 heures et interdit les réunions privées de plus de dix personnes.
Rectifier, rectifier, rectifier
Les chiffres baissent alors. Mais ce n’est pas suffisant: dès le 9 décembre, le gouvernement régional décrète des restrictions de capacité pour les magasins et recommande vivement de limiter les réunions privées à deux ménages. A partir du 12 décembre, les restaurants et les magasins doivent fermer à 19 heures, les manifestations seront interdites, les activités de loisirs ne pourront plus être organisées qu’à cinq.
Et ce n’est toujours pas assez: le 22 décembre, les restaurants et les activités de loisirs seront complètement fermés, le 13 janvier, ce sera le confinement des magasins non-essentiels, l’obligation de travailler à domicile et l’interdiction de se réunir à plus de cinq personnes. Ce n’est qu’alors que le nombre de nouvelles contaminations passera sous la barre des 2000 par jour.
La pression augmente dans les hôpitaux
Le nombre de nouvelles infections est actuellement bien plus élevé qu’il y a douze mois. Mais à l’époque comme aujourd’hui, c’est la surcharge des hôpitaux qui oblige le Conseil fédéral à agir. Certes, le nombre d’hospitalisations quotidiennes à cause du Covid était nettement plus élevé en 2020. Il y a un an, 170 patients Covid étaient admis en moyenne chaque jour à l’hôpital, ils sont actuellement environ 95.
Néanmoins, les unités de soins intensifs sont aujourd’hui plus sollicitées qu’il y a douze mois. «Les réserves disponibles ont nettement diminué», déclarait vendredi Andreas Stettbacher, délégué du Service sanitaire coordonné. Car il n’y a plus assez de personnel pour les encadrer.
En outre, la proportion de patients Covid augmente. Il y a un mois, seuls 13% des lits de soins intensifs étaient occupés par des patients Covid. Ils sont désormais 31,3%. Ou en chiffres absolus: 289, et ce pour 140 lits libres. Andreas Stettbacher souligne que le nombre de patients Covid double actuellement tous les 24 jours. Si cela continue, il n’y aura plus de lit de soins intensifs dans deux semaines.