Credit Suisse veut économiser entre 1 et 1,5 milliard de francs après les dernières turbulences. On ne sait pas encore exactement où et comment. Mais pour les experts du marché du travail, il semble clair qu’en cas de suppressions de postes à grande échelle, ce ne sont pas les employés lambda qui passeront à la casserole, mais les cadres. Et ce constat alarmant ne concernerait pas uniquement la banque.
Une enquête de l’agence de placement Dynajobs et de l’association Employés Suisse, que Blick a pu consulter en exclusivité, le montre: d’ici 2025, 73’000 cadres risquent de perdre leur emploi en Suisse.
Moins d’employés, patrons sur le pas de la porte
Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, cet avertissement semble paradoxal. Pourtant, en réalité, les deux phénomènes vont de pair: «D’ici 2025, il manquera 365’000 spécialistes environ. Cela freine l’économie d’environ 18%», prévoit le directeur de Dynajobs Tino Senoner, à l’origine de l’enquête.
Et logiquement, une économie freinée a aussi besoin de moins de patrons. A cela s’ajoute le fait que les grands groupes délocalisent de plus en plus de travail à l’étranger – parce qu’ils ne trouvent tout simplement plus le personnel nécessaire en Suisse. Les postes de direction partent donc aussi à l’étranger, laissant sur le carreau un bon nombre de cadres suisses.
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Les grandes entreprises sont les plus concernées
Outre le manque de personnel qualifié, le nouveau monde du travail post-covid est également responsable de la menace de perte d’emploi pour ces 73’000 cadres. A l’époque du home office, les hiérarchies sont devenues plus horizontales. Les employés assument davantage de responsabilités personnelles. Et ceux qui s’occupent exclusivement de la gestion des collaborateurs ne sont plus vraiment nécessaires.
Selon Tino Senoner, ce sont surtout les grandes entreprises qui sont concernées par les suppressions de postes à venir. «A partir de 250 collaborateurs, on voit apparaître des structures composées uniquement de cadres.» Ceux-ci savent comment gérer du personnel, mais ont finalement peu de connaissances spécialisées dans leur domaine.
Les patrons de PME ne sont pas concernés
A l’inverse, les patrons de PME et d’entreprises de taille moyenne ne craignent pas trop les licenciements. Certes, ils sont ils s’occupent de la gestion du personnel, mais ils ont aussi un rôle professionnel spécialisé. Ils seront donc toujours indispensables à leur entreprise.
En revanche, ceux qui s’occupent exclusivement de la gestion du personnel devraient réagir au plus vite, conseille Tino Senoner. «Les cadres dirigeants n’ont des chances sur le marché du travail que s’ils disposent de connaissances spécialisées très demandées.» Les compétences numériques sont fortement demandées. Il est également préférable d’envisager un secteur où la pénurie de personnel qualifié est particulièrement importante, comme l’informatique, la logistique ou la santé.
Concernant Credit Suisse, un changement de branche sera sûrement inévitable pour de nombreux cadres, si comme on le craint, une suppression massive de postes est à venir. Tant l’expert du marché du travail Tino Senoner que l’association du personnel bancaire mettent en garde: le marché du travail dans le secteur bancaire est saturé. Si Crédit Suisse met d’un coup des milliers de collaborateurs à la porte, il est peu probable qu’ils trouvent tous un emploi chez UBS. Et encore moins s’ils n’ont «que» des connaissances spécialisées dans la gestion du personnel, mais aucune dans le domaine bancaire.